par Astrid Wendlandt et Silke Koltrowitz

"Je suis inquiet pour la consommation en Europe. On n'a pas eu d'effondrement jusqu'à présent, sauf en Espagne", a déclaré Florent Perrichon mardi à l'occasion du sommet mondial du luxe organisé par Reuters du 1er au 3 juin.

Cerruti, spécialisé dans le prêt-à-porter de luxe et qui rivalise avec Armani et Hugo Boss, a tout de même vu une légère croissance des ventes en Europe depuis le début de l'année.

Tous marchés confondus, "le chiffre d'affaires a crû de 25% pendant les quatre premiers mois de 2010", a souligné Florent Perrichon, qui dirige la maison depuis 2008.

Le directeur général table sur une amélioration des ventes à 160 à 170 millions d'euros cette année, après 140 millions en 2009. "Nous ferons mieux que l'an dernier en Europe de l'Est mais la France et l'Italie pourraient connaître une évolution stable ou tout au plus en légère hausse."

Quant au retour à la rentabilité, il est prévu pour 2012. "Nous aurons encore une perte cette année parce que nous investissons beaucoup dans les défilés et la publicité", a souligné Perrichon.

A l'horizon 2014, l'objectif pour les ventes est de 400 millions d'euros, a confirmé le DG.

Le couturier Nino Cerruti a mis sur pied sa maison à la fin des années 60, s'appuyant sur l'usine textile de son grand-père en Italie du Nord, avant de partir s'installer à Paris pour vendre l'élégance italienne aux Français.

Il y a six ans, la maison de couture a toutefois dû se déclarer en faillite suite aux déboires de ses financiers italiens avant d'être rachetée en 2006 par le fonds d'investissement américain MatlinPatterson qui a placé Perrichon aux commandes.

Ce dernier cherche à redonner un élan aux ventes grâce à des accords de licence. Cerruti produit ses habits pour hommes en Italie et le prêt-à-porter féminin en Belgique mais a transféré la production de ses gammes secondaires, des accessoires et des parfums à des partenaires de licence.

Le parfum Cerruti, par exemple, est fabriqué par Coty alors que ses jeans sont faits par Moncler.

ESPOIR CHINOIS

"Le côté féminin est très important. J'ai trouvé que l'homme était un peu célibataire chez Cerruti lorsque je suis arrivé", a plaisanté Perrichon.

"Nous sommes bien avancés pour trouver un partenariat en Chine pour répliquer le succès de l'homme Cerruti pour la collection féminine", a-t-il expliqué.

Car c'est sur le marché chinois que reposent les espoirs de la marque, qui habillait les stars de Hollywood de Robert Redford à Michael Douglas dans les années 1980.

"Je vis le phénomène chinois comme Monsieur Cerruti a vécu le phénomène japonais à l'époque", a raconté Florent Perrichon, indiquant que la Chine était désormais le deuxième marché de la marque avec 30% des ventes, derrière l'Europe qui représente plus de 50%.

"Il y a un élan phénoménal vers la Chine, toutes les marques y vont parce qu'elles savent que l'avenir est là", a-t-il expliqué, mettant tout de même en garde contre des difficultés dans ce marché.

"Il faut avoir une offre qui corresponde aux attentes et pouvoir former le personnel sur place."

Pour une petite société comme Cerruti, le succès en Chine passe forcément par un partenariat local, a reconnu Perrichon, ajoutant que les Chinois étaient très regardants quant à la provenance des matériaux.

"Il est impossible de leur vendre un produit 'made in China', ils veulent des tissus italiens. C'est une chance pour nous."

Edité par Matthieu Protard