par Tetsushi Kajimoto et Rie Ishiguro

Dans la mesure où les émissions d'emprunt dépasseront pour la deuxième année consécutive les recettes fiscales, le ministre des Finances Yoshihiko Noda a répété qu'il fallait une refonte du système fiscal - traduire: une hausse de la TVA - pour faire face à la hausse des dépenses de santé due à une population vieillissante.

Yoshihiko Noda juge que l'évolution de la situation budgétaire est "anormale". "Il faut expliquer soigneusement la nécessité de réagir à la hausse des dépenses de santé et aussi qu'on ne fera pas l'économie d'une refonte fiscale si nous voulons assurer notre sécurité à l'avenir", a-t-il dit.

Le tout premier budget élaboré intégralement par le gouvernement emmené par le Parti démocrate maintient les besoins d'emprunt nets à 44.300 milliards de yens (406,6 milliards d'euros), ce qui est conforme à son engagement de plafonner la nouvelle dette au niveau de celle de l'exercice en cours.

Le gouvernement s'est également imposé de plafonner les dépenses, hors service de la dette, au niveau de celles de cette année, autour de 71.000 milliards de yens (652 milliards d'euros), afin de freiner une dette publique qui est prévue à 891.000 milliards de yens au 31 mars 2012, soit 184% du PIB, la plus élevée parmi les grandes puissances économiques.

VASTE RÉFORME FISCALE

Il est pratiquement certain que la Loi de finances sera adoptée car le parti au pouvoir contrôle la Chambre des représentants. Le budget sera promulgué même s'il est rejeté par la Chambre des conseillers, l'équivalent d'un sénat.

Il en va tout autrement des décrets d'application, qui nécessitent l'aval des deux chambres. Sans ces décrets, ce sont 44% des recettes budgétaires qui ne sont pas assurées, affirment de hauts fonctionnaires des Finances.

"Les acteurs du marché sont bien au fait de risques tels qu'un retard des délibérations parlementaires sur le budget", note Takahide Kiuchi, économiste chez Nomura Securities.

Le Parti libéral démocrate, principale formation d'opposition, souhaite que le gouvernement revienne sur certaines promesses de campagne comme le versement d'allocations familiales, sur lesquelles l'exécutif a déjà rogné par manque de ressources.

Les recettes fiscales devraient augmenter pour atteindre 41.000 milliards de yens, soit 4.000 milliards de moins que les émissions d'emprunts d'Etat prévues. Pour équilibrer le budget, Tokyo compte dégager 7.200 milliards de yens de recettes non fiscales en mobilisant les réserves de comptes spéciaux ou d'organisme administratifs.

De haut fonctionnaires du gouvernement soulignent que ces recettes non fiscales ne peuvent se pérenniser et qu'il sera encore plus difficile de composer des budgets à partir de l'an prochain sans augmenter la TVA ou réduire fortement les dépenses.

Le gouvernement entend mener une vaste réforme fiscale dans le cadre du budget de l'exercice 2012-13.

Avec Linda Sieg; Grégory Blachier et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Danielle Rouquié