par William Schomberg et David Milliken

LONDRES, 30 juin (Reuters) - La Banque d'Angleterre devra sans doute prendre des mesures cet été pour stimuler l'économie après le choc provoqué par la décision d'une majorité de Britanniques de quitter l'Union européenne (UE), a déclaré son gouverneur Mark Carney jeudi.

"De mon point de vue, et sans vouloir préjuger des avis d'autres membres indépendants du Comité de politique monétaire (MPC), les perspectives économiques se sont dégradées et un assouplissement monétaire s'imposera sans doute durant l'été", a-t-il déclaré.

Mark Carney, qui avait précédemment mis en garde contre le risque de récession si la Grande-Bretagne se retirait de l'UE, a ajouté que le MPC donnerait une première évaluation de la situation le 14 juillet. Une évaluation plus complète sera donnée à l'occasion de la publication des perspectives économiques révisées en août.

"En août, nous discuterons également plus avant de la gamme d'instruments à notre disposition", a-t-il ajouté.

Les investisseurs pour la plupart s'attendent à ce que la banque centrale réduisent les taux durant l'été, ramenant son taux d'intervention, qui est déjà à un plus bas sans précédent de 0,5%, peut-être à zéro.

Ils pensent aussi que la BoE pourrait renforcer son programme de rachats d'actifs, par lequel elle a déjà racheté pour 375 milliards de livres de dette publique après la crise financière.

Les propos de Mark Carney ont provoqué une baisse des rendements obligataires aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis, tandis que les places boursières européennes ont accru leurs gains et que la livre s'est repliée de près de 1% à un plancher de 1,3245 dollar et de 1% contre l'euro à 83,80 pence , égalant son plus bas de lundi qui représentait un creux depuis mars 2014.

Les rendements des "gilts" à 10, 20 et 30 ans ont inscrit de nouveaux plus bas records et celui du Bund à 10 ans est tombé à un plus bas de séance de -0,14%.

L'OAT à 10 ans a également vu son rendement toucher un plus bas record de 0,199%.

Mark Carney a toutefois signalé que la Banque d'Angleterre ne pouvait indéfiniment réduire les taux d'intérêt et s'est abstenu de tout commentaire lorsqu'il lui a été demandé si la Grande-Bretagne s'exposait à une récession. "Comme nous l'avons vu ailleurs, si les taux d'intérêt sont trop bas ou négatifs, les retombées sur la rentabilité des banques risquent de réduire le crédit disponible voire même le renchérir".

Au point de vue technique, la BoE procèdera à des adjudications de sterling hebdomadaires jusqu'à la fin septembre, et non plus mensuelles, par mesure de précaution, dans le cas où les banques seraient confrontées à des problèmes de liquidité.

Mais en tous les cas, les banquiers centraux ne peuvent à eux seuls éradiquer le choc du Brexit et les perspectives économiques de la Grande-Bretagne seront fonction "de décisions de bien plus grande ampleur, de plans plus grands formulés par d'autres", a insisté Mark Carney.

La Comité de politique financière de la BoE doit publier mardi son rapport semestriel sur la stabilité financière. Il pourrait momentanément assouplir les règles de capital des banques pour soutenir les flux de crédit.

Mark Carney avait réagi promptement au résultat du référendum, annonçant que la banque centrale injecterait 250 milliards de livres dans le système bancaire et réserverait un accès grand ouvert aux devises, sans compter d'autres mesures qui seraient prises le cas échéant.

La Réserve fédérale, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque populaire de Chine se sont également engagées à fournir les marchés en liquidités, tandis que le Groupe des Sept (G7) a exprimé sa confiance envers l'économie et le secteur bancaire britanniques. (Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)