* Le gouvernement de coalition dresse son "inventaire" à mi-mandat

* Conservateurs et Lib-Dems promettent de rester ensemble

* Appels de plus en plus forts à une rupture (Actualisé avec conférence de presse commune)

par Mohammed Abbas et Tim Castle

LONDRES, 7 janvier (Reuters) - David Cameron et Nick Clegg ont assuré lundi que la coalition gouvernementale entre conservateurs et libéraux démocrates tiendraient jusqu'aux prochaines élections en Grande-Bretagne, prévues en 2015, afin de poursuivre leur politique de rétablissement des finances publiques malgré leurs divergences sur l'Europe.

Face à la pression de leurs troupes respectives, qui veulent réaffirmer leur identité propre, le chef conservateur du gouvernement et son vice-Premier ministre Lib-Dem se sont présentés ensemble devant les journalistes pour dresser la liste, à la moitié exactement de la législature, des réalisations passées et des projets à venir.

Les deux hommes ont balayé l'idée que des divergences de vues sur la nature des relations avec l'Union européenne ou le rythme de réduction des déficits publics puissent conduire à l'éclatement de leur alliance.

"C'est une coalition pour cinq années pleines. Le peuple souhaite nous voir travailler de toutes nos forces pour son compte jusqu'à la fin de cette législature", a dit David Cameron.

Depuis 2010, le gouvernement britannique impose au royaume une sévère cure d'austérité, avec pour conséquences une croissance anémique, une baisse des revenus pour une partie de la population et un mécontentement des électeurs.

Les agences de notation et les investisseurs internationaux ont jusqu'à présent accordé du temps à cette coalition pour mettre en oeuvre sa politique mais les unes comme les autres guettent le moindre signe d'un changement de cap ou de division.

Nick Clegg a rappelé que, lors de la formation de leur alliance en 2010, les conservateurs et les libéraux-démocrates avaient le choix entre "se jeter des pierres les uns sur les autres (...) alors que l'économie était au bord du précipice" ou travailler ensemble.

"Ce que l'on attend à juste titre des responsables politiques, c'est qu'ils laissent de côté leurs divergences et qu'ils fassent leur travail", a-t-il dit.

Conservateurs et libéraux démocrates sont largement devancés par l'opposition travailliste dans les intentions de vote, ce qui amène certains de leurs partisans à prôner une rupture de leur alliance pour renforcer leurs chances lors des prochaines élections.

COMPROMIS

Classé à gauche, le parti libéral-démocrate a notamment vu sa popularité plonger en raison des compromis successifs acceptés pour préserver la coalition tandis que de nombreux élus conservateurs perçoivent les Lib-Dems comme un frein à leurs projets politiques.

Les libéraux-démocrates sont si bas dans les sondages qu'ils risqueraient toutefois de disparaître du paysage politique au plan national s'ils provoquaient l'effondrement de la coalition et des élections anticipées.

Présentant ce qu'ils ont qualifié d'"inventaire" de leurs réalisations en deux ans et demi de pouvoir, David Cameron et Nick Clegg ont notamment évoqué la réduction d'un quart du déficit budgétaire, le développement de l'emploi dans le secteur privé, la suppression de l'impôt sur les plus bas revenus et le gel des taxes locales et sur le carburant.

Pour les deux ans et demi à venir, ils se sont engagés à limiter le coût de la prise en charge des personnes âgées, à réformer le système de retraites, à construire davantage de logements, à améliorer le système de garde d'enfants et à favoriser les investissements dans les transports.

A l'extérieur du 10, Downing Street, la résidence du Premier ministre où se tenait cette conférence de presse, des militants travaillistes ont distribué une fausse brochure gouvernementale intitulée "Un programme pour ne rien changer", sous-titré "Déconnecté, injuste, incompétent".

"Leur véritable bilan est celui d'un échec. Ils ont échoué sur la croissance et sur l'emploi", est-il écrit dans ce document.

Les relations entre conservateurs et libéraux-démocrates pourraient de nouveau rapidement se tendre sur l'Europe, David Cameron devant prononcer dans le courant du mois un discours sur la relation entre la Grande-Bretagne et l'UE.

Le chef du gouvernement est tiraillé entre, d'une part, les appels de plus en plus pressants des eurosceptiques de son parti en faveur d'une prise de distance vis-à-vis de l'UE et, d'autre part, l'europhilie de ses partenaires Lib-Dems.

Interrogé à ce sujet, Nick Clegg a répondu que lui-même et David Cameron s'entendaient sur la nécessité d'une réduction du budget et d'une réforme de l'UE. (Julien Dury et Bertrand Boucey pour le service français)