(Actualisé avec citations, commentaires sur les controverses autour de Trump)

ST. LOUIS, 19 mai (Reuters) - Les prévisions de hausses de taux de la Réserve fédérale américaine pourraient être "trop audacieuses" pour une économie qui a récemment montré des signes de faiblesse, a déclaré vendredi le président de la Fed de St. Louis, James Bullard.

Depuis le relèvement de taux décidé par la banque centrale américaine en mars, l'inflation et les anticipations inflationnistes ont baissé, ce qui laisse penser que la Fed n'atteindra pas aussi vite que prévu initialement son objectif d'inflation à 2%, d'autant que le risque qu'une crise politique bloque l'action du gouvernement est en hausse.

L'espoir de réformes fiscales et réglementaires, qui a dopé la confiance des investisseurs et les marchés depuis l'élection présidentielle américaine de novembre faiblit face aux controverses sur Donald Trump.

James Bullard a expliqué que les événements récents à Washington n'avaient pas, à eux seuls, justifié une remise en cause de son scénario fondé sur une croissance de l'ordre de 2% par an.

Mais il a ajouté que ces événements avaient coïncidé avec un ralentissement de l'inflation et une baisse des rendements à long terme, ce qui n'aurait pas lieu si les investisseurs pensaient que l'économie américaine allait croître à un rythme assez soutenu pour justifier de nouvelles hausses de taux.

Les indications sur l'inflation "sont faibles, elles ont baissé et sont trop basses pour que la Fed atteigne son objectif d'inflation", a-t-il dit lors d'une conférence de l'Association for Corporate Growth. "Elles sont allées dans la mauvaise direction et un peu trop rapidement pour que la situation soit confortable."

UN CONTEXTE POLITIQUE DURABLEMENT VOLATIL

Les marchés s'attendent à ce que la Fed relève de nouveaux ses taux à l'issue de sa réunion de juin. Bullard, qui n'a pas de droit de vote cette année au comité de politique monétaire, a expliqué qu'il ne s'opposerait pas à une hausse mais il a ajouté avoir le sentiment que ses collègues du comité pourraient prendre le risque d'être "exagérément offensif" en relevant de nouveau les taux sans attendre que le rebond de l'inflation soit garanti.

Lors de sa dernière réunion, au début du mois, la banque centrale a déclaré qu'elle se sentait plus confiante dans ses prévisions de deux nouvelles hausses de taux en 2017.

Bullard, qui s'attend à la poursuite d'une inflation et d'une croissance faibles, a déclaré dans le passé qu'une seule hausse de taux supplémentaire cette année serait suffisante et que la Fed pourrait ensuite faire une pause en attendant de pouvoir constater que la croissance s'accélère.

Vendredi, il a dit que l'évolution de la situation politique à Washington n'avait pas encore eu d'impact significatif sur l'économie mais que les marchés devraient se préparer à ce que le contexte politique reste volatil.

Le blocage sur des dossiers politiques importants est devenu la norme, a-t-il souligné.

"La campagne de Trump était inhabituelle, atypique (...) et l'on s'attendait à un président atypique. Il y a plus de volatilité que ce à quoi nous sommes habitués dans la sphère politique", a-t-il ajouté. "Pour 2017 au moins, je ne pense pas pouvoir en conclure à ce stade que cela aura des conséquences précises." (Howard Schneider, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)