BRUXELLES, 29 janvier (Reuters) - Les ministres des Affaires européennes hors Grande-Bretagne se réunissent ce lundi après-midi à Bruxelles pour fixer le cadre des négociations à venir sur la "période de transition" qui suivra le Brexit, programmé pour mars 2019.

La réunion doit donner un mandat à la Commission européenne pour entamer des discussions avec Londres sur les modalités de cette période transitoires censée amortir les effets de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Dans son projet de "directives de négociations", reprenant les principes fixés par les chefs d'Etat et de gouvernement européens et présenté le 20 décembre dernier, la Commission a recommandé que l'ensemble de l'acquis de l'UE, y compris les nouvelles règles susceptibles d'entrer en vigueur durant cette période, continue de s'appliquer au Royaume-Uni pendant la transition, durant laquelle Londres ne participera plus aux institutions européennes ni aux prises de décision.

Le Royaume-Uni restera notamment dans le champ de compétence de la Cour de justice de l'Union européenne.

La Commission propose que la période de transition "ne dure pas au-delà du 31 décembre 2020".

Dans son discours de Florence, en septembre dernier, la Première ministre britannique Theresa May a dit souhaiter une période d'environ deux ans, soit jusqu'en mars 2021.

"Il faut du temps mais surtout de la prévisibilité pour les citoyens et les acteurs économiques. L'idéal, c'est de ne pas faire durer trop longtemps cette transition", a commenté lundi matin sur LCP la ministre française chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau. "Rien ne sert de rester dans une espèce de zone grise qui n'est bonne pour personne."

"LA PORTE RESTE OUVERTE"

Selon des diplomates européens, négociateurs britanniques et européens comptent se réunir tous les quinze jours à Bruxelles de sorte qu'il puisse y avoir un accord lors du conseil européen des 22 et 23 mars prochain.

Une première réunion pourrait avoir lieu en fin de semaine.

Dans un discours prononcé vendredi, le ministre britannique du Brexit, David Davis, s'est dit confiant dans la possibilité de boucler un accord lors du sommet européen de mars.

Un éventuel accord trouvé en mars ne serait pas immédiatement contraignant mais intégré au traité à venir sur le retrait du Royaume-Uni de l'UE qui doit être bouclé autour d'octobre prochain et ratifié par tous les Etats membres avant mars 2019.

Invité dimanche du Grand Rendez-vous d'Europe 1-CNews-Les Echos, le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, a déclaré que la porte restait "ouverte" si le Royaume-Uni souhaitait revenir sur la décision de quitter l'UE votée par référendum le 23 juin 2016.

"La porte est ouverte: si les Britanniques veulent changer d'avis, très bien ! Mais je veux marquer un peu de scepticisme: les Britanniques ont voté, et je regrette ce vote, même si je le respecte", a-t-il dit.

A Londres, où les plus fervents avocats du Brexit s'inquiètent de ce que cette transition soit une "trahison" du vote des électeurs, le nouveau ministre d'Etat au Bureau du Cabinet, David Lidington, a appelé le Parti conservateur à l'unité.

"Ce que je dis à tous mes collègues, c'est que la famille conservatrice doit se rassembler dans un esprit de respect mutuel et regarder l'ensemble du tableau", a-t-il déclaré dimanche sur la BBC.

Un sondage ICM pour le Guardian a montré vendredi soir que 47% des Britanniques interrogées étaient favorables à un référendum de ratification de l'accord final entre Londres et les Européens, contre 34% d'un avis contraire et 19% sans opinion. Cette option a été catégoriquement rejetée par le cabinet May.

(Peter Maushagen et Alastair Macdonald avec Sudip Kar-Gupta à Paris et Andrew MacAskill à Londres; Henri-Pierre André pour le service français)