Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro ont continué à très légèrement monter vendredi, sur la lancée du mouvement amorcé la veille après des propos du président de la BCE Mario Draghi interprétés comme plutôt moins accommodants que ce qu'anticipait le marché.

"Nous sommes dans la continuité du mouvement d'hier avec une Banque centrale européenne (BCE) qui a été vue comme haussière (pour les taux) par le marché" alors que les investisseurs s'attendaient davantage à la poursuite d'un discours très accommodant de l'institution de Francfort, a expliqué après de l'AFP Jean-Christophe Machado, un stratégiste obligataire de Natixis.

"Le marché s'est focalisé sur quelques éléments de langage de Mario Draghi, comme son absence de crainte vraiment explicite sur l'euro-dollar et le fait qu'il ait évoqué de bonnes attentes sur la croissance", a-t-il complété, alors qu'on "s'attendait à une communication beaucoup plus forte sur l'euro-dollar".

"La volatilité récente du taux de change constitue une source d'incertitudes qui doit être surveillée quant à ses éventuelles implications pour les perspectives de stabilité des prix à moyen terme", a déclaré le président de la BCE lors d'une conférence de presse à Francfort, reprenant une formule déjà employée en septembre.

Si le président de la BCE a fustigé les déclarations de l'administration américaine en faveur du dollar faible et indiqué qu'il y avait "très peu de chances que les taux directeurs soient relevés cette année", il n'est pas parvenu à calmer l'envolée de l'euro, les cambistes jugeant dans l'ensemble ses propos peu vigoureux.

Ainsi la monnaie unique est-elle montée jeudi dans le sillage de ces déclarations jusqu'à 1,2537 dollar, son niveau le plus élevé depuis mi-décembre 2014, et évoluait ce vendredi au-dessus de 1,24 dollar.

Par ailleurs, non seulement les taux souverains se sont nettement tendus depuis jeudi, mais "beaucoup de hausse de taux commencent à être anticipées en zone euro pour 2019-2020", a observé M. Machado.

"Le calendrier de la première hausse anticipée par les investisseurs, à l'horizon de mars 2019, n'a pas changé mais en revanche le rythme prévisionnel s'est accéléré", a jugé M. Machado.

Toutefois, "nous ne sommes pas à l'abri que cette tension des rendements obligataires constitue une surréaction et que dans les prochaines semaines, nous assistions à une petite correction", a-t-il estimé.

Dans ce contexte, selon lui, les chiffres d'inflation attendus la semaine prochaine en zone euro seront particulièrement scrutés.

A 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a très modestement progressé à 0,629% contre 0,612% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France a connu une trajectoire similaire, montant à 0,913% contre 0,884%.

Celui de l'Italie s'est également apprécié à 2,007% contre 1,963%, tandis que celui de l'Espagne s'est stabilisé à 1,409% contre 1,410%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique s'est lui aussi légèrement tendu à 1,444% contre 1,412%.

A la fermeture des marchés européens, le taux d'emprunt à 10 ans des États-Unis s'appréciait légèrement à 2,667% contre 2,617% jeudi, tandis que celui à 30 ans montait à 2,920% contre 2,881% et que celui à deux ans s'établissait à 2,124% contre 2,084%.

afp/buc