S'il y a bien un secteur en ce début d'année 2010 qui impressionne par de nombreuses annonces et innovations, c'est bien celui des technologies grand public : iPhone, disques durs SSD plus rapides et plus fiables, Google Phone et système d'exploitation Android, Nokia Maemo 5, Télévision et Blu-Ray 3D, jeux 3D, ... Espérons que ce foisonnement d'innovations augure une forte reprise dans le secteur technologique. La 3D, après plusieurs tentatives, semble avoir trouvée, avec le succès du film Avatar de James Cameron - et sa diffusion très médiatique en 3D -, un moteur puissant de lancement et de communication.

Ce grand déballage technologique, à l'heure du « Consumer Electronic Show » (C.E.S.) de Las Vegas, pose néanmoins quelques questions intéressantes d'un point de vue économique. Tentons de les évoquer sommairement sans prétendre à une analyse exhaustive :

- D'abord la question de son appropriation par le grand public : le prix est essentiel dans un contexte économique difficile. Faisons confiance aux forces de la concurrence, qu'il faut consolider et susciter encore, pour pousser vers le bas les prix dès le lancement de ces technologies : ce qui implique, semble-t-il, de s'entendre sur des standards technologiques de base afin d'éviter un couteux affrontement tel que celui que nous avons vécu entre le HD-DVD et le Blu-Ray. Cette bataille de standard a largement plombé la diffusion de ce nouveau standard auprès du grand public. A ce titre, le positionnement prix du Blu-Ray et de son système technologique - trop cher semble-t-il pour le rapport coût/bénéficie escompté - est à méditer.

- Ensuite la question de l'ouverture des systèmes d'information est essentielle - éviter le « lock-in » ou verrouillage informationnel (cf. Carl Shapiro et Hal R. Varian, « Guide stratégique de l'économie des réseaux », De Boeck, 1999) ce qui permet des externalités positives multiples et structurantes du côté des accessoires, des logiciels complémentaires et de la diffusion de l'innovation et donc son appropriation.

- Enfin peut-on imaginer une retro-comptabilité des systèmes technologiques, c'est-à-dire de prendre en compte les systèmes existants dans le processus d'innovation ? Car il est difficile d'imaginer devoir passer dans quelques mois au standard HDMI 1.4 alors que les français s'équipent actuellement d'écrans et télévisions LCD au standard HDMI 1.3. Des évolutions de micro-logiciels (« firmware ») seront-elles possibles dans certains écrans ou périphériques ?

Qui va s'imposer ? Difficile de répondre car ces innovations sont aussi synonymes d'incertitude, du côté de l'offre comme de la demande, à l'image du succès d'Apple dans la téléphonie qui était loin d'être prédit il y a quelques années. Et c'est tant mieux car cela laisse une place aux « jeunes pousses », à l'innovation « brute » dans les universités, les laboratoires de recherche ou les grandes écoles !

Espérons enfin que toutes ces innovations intégreront - peut-être est-ce cela qui fera la différence auprès du grand public ? - une approche environnementale forte et sincère : consommation d'électricité, composants utilisés recyclables, gestion des batteries, fonctionnement solaire (!)... Car, dans ce secteur de l'électronique grand public, à l'heure du message environnementaliste du film Avatar, il y a un réel enjeu pour concilier innovation et respect de l'environnement !


Laurent Guihéry, Maître de Conférences, Université Lumière Lyon 2