(Actualisé tout du long avec déclarations supplémentaires, précisions)

par Ali Sawafta et Jeffrey Heller

RAMALLAH, Cisjordanie/JERUSALEM, 25 mai (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a promis mardi lors d'un déplacement au Proche-Orient que les Etats-Unis allaient fournir une aide supplémentaire pour la reconstruction de Gaza, dans le cadre d'efforts destinés à préserver le cessez-le-feu entre les factions armées palestiniennes et Israël.

Cherchant à inverser la ligne adoptée par Donald Trump, le prédécesseur de Joe Biden à la Maison blanche, le chef de la diplomatie américaine a annoncé que Washington allait faire avancer le processus de réouverture du consulat américain à Jérusalem, qui servait traditionnellement de relais diplomatique avec les Palestiniens.

S'exprimant au côté du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, depuis la ville de Ramallah en Cisjordanie, Antony Blinken a déclaré que les Etats-Unis allaient fournir 75 millions de dollars d'aides économiques et au développement supplémentaires aux Palestiniens cette année.

"Nous savons que pour éviter un retour des violences, nous devons utiliser l'espace ouvert pour répondre à un ensemble plus vaste de problèmes et défis sous-jacents", a-t-il dit. "Et cela débute en s'attaquant à la grave situation humanitaire à Gaza et en commençant à reconstruire", a-t-il poursuivi, annonçant aussi 5,5 millions de dollars de fonds de secours immédiats.

Antony Blinken a répété que l'administration Biden entendait s'assurer que le Hamas, que les Etats-Unis considèrent comme une organisation terroriste, ne profiterait pas de l'aide humanitaire - une mission délicate du fait de l'emprise du groupe armé sur l'enclave palestinienne.

Plus tard dans la journée, au cours d'une conférence de presse, le secrétaire d'Etat américain a prévenu contre toute action d'Israël ou des Palestiniens qui risquerait d'alimenter les tensions ou de nuire au bout du compte à la solution à deux Etats à laquelle, a-t-il dit, Washington reste engagé.

Le cessez-le-feu en vigueur depuis vendredi, obtenu grâce à une médiation égyptienne en coordination avec les Etats-Unis, a mis fin à 11 jours de tirs de roquettes palestiniennes et d'artillerie israélienne, l'affrontement le plus sanglant entre les deux camps depuis 2014.

"DIALOGUER"

Selon des responsables médicaux à Gaza, les frappes israéliennes ont fait au moins 253 morts et plus de 1.900 blessés dans l'enclave palestinienne, où les dégâts matériels sont estimés à plusieurs dizaines de millions de dollars.

Les tirs palestiniens ont tué 13 personnes en Israël.

Antony Blinken a débuté sa visite dans la région à Jérusalem, où il s'est entretenu avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Ce dernier, s'exprimant devant la presse au côté du représentant américain, a prévenu d'une "réponse très puissante" si le Hamas reprenait ses tirs de roquettes transfrontaliers.

Le secrétaire d'Etat américain doit se rendre aussi en Egypte et en Jordanie.

Parallèlement à cette visite, les autorités israéliennes ont annoncé avoir autorisé l'acheminement à Gaza de carburant, d'assistance médicale et de nourriture pour la première fois depuis le début des hostilités le 10 mai.

Antony Blinken a déclaré que la réouverture du consulat général des Etats-Unis à Jérusalem serait "une manière importante pour notre pays de dialoguer et de fournir un soutien au peuple palestinien". Il a refusé de donner un calendrier précis.

L'administration de l'ancien président américain Donald Trump a fusionné en 2019 le consulat avec l'ambassade américaine à Jérusalem, deux ans après avoir reconnu celle-ci comme capitale d'Israël et y avoir déplacé l'ambassade précédemment située à Tel Aviv.

Ces décisions, en rupture avec la politique traditionnelle de Washington au Proche-Orient, ont provoqué la colère des Palestiniens, qui veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat.

Israël est toujours dans l'impasse politique après les législatives de mars dernier - les quatrièmes en deux ans - et les Palestiniens restent divisés, du fait de l'animosité entre le Hamas et Mahmoud Abbas, interlocuteur privilégié des Occidentaux. (Jeffrey Heller, avec Humeyra Pamuk, Daphne Psaledakis, Doina Chiacu et Arshad Mohammed à Washington, Nidal al-Mughrabi à Gaza et Ali Sawafta à Ramallah; version française Myriam Rivet, Marc Angrand et Jean Terzian)