par James Mackenzie

ROME, 17 mars (Reuters) - En l'absence de majorité claire pour former un gouvernement, Pier Luigi Bersani, chef de file du centre gauche italien, a annoncé dimanche son intention de solliciter la confiance du Parlement.

Les élections législatives des 24 et 25 février, marquées par l'ampleur sans précédent du vote contestataire, ont plongé la Péninsule dans une impasse politique alarmante aux yeux de ses partenaires européens qui craignent pour sa situation économique.

Si la coalition de centre gauche en est sortie majoritaire à la Chambre, elle a été dévancée au Sénat, qui, lui, est privé de majorité. Les deux chambres ayant les mêmes prérogatives, le Parti démocrate et son allié écologiste sont donc dans l'impossibilité de former un gouvernement.

Avec 25,5% des voix, le Mouvement 5 Etoiles (M5S) de Beppe Grillo a effectué une percée spectaculaire qui le place en position d'arbitre, mais il a exclu jusqu'ici toute alliance avec les formations traditionnelles et revendique le droit de former le nouvel exécutif.

Le président Giorgio Napolitano doit entamer mercredi ses consultations avec les chefs de file des partis politiques.

Pier Luigi Bersani dira alors au chef de l'Etat qu'au lieu de tabler sur un accord préalable avec un autre groupe parlementaire, il soumettra aux élus un programme centré sur la création d'emplois et la lutte contre la corruption, a-t-il expliqué dimanche.

"La voie est très, très étroite. Je crois pouvoir dire que d'autres voies se révèleraient encore plus étroites", a souligné le chef de file du Parti démocrate.

Faute d'accord entre les parties en présence, le président devra convoquer de nouvelles élections, qui pourraient avoir lieu en juin. Pier Luigi Bersani a dit vouloir éviter un retour aux urnes.

"LES ACCORDS PRÉALABLES NE TIENDRAIENT PAS"

Sa coalition a arraché samedi la présidence de la Chambre des députés et du Sénat.

L'élection de Piero Graso, ancien juge antimafia de Palerme, à la Haute Assemblée et celle de Laura Boldrini, ex-porte-parole du Haut Commissariat de l'Onu pour les Réfugiés à la Chambre, marquent une rupture avec les habitudes italiennes qui réservaient ces deux postes à de purs produits des appareils politiques.

L'issu du vote au Sénat a toutefois montré clairement que Bersani ne pourrait obtenir la confiance du Parlement.

Piero Grasso ne l'a emporté qu'avec l'appoint de quelques élus du centre et du M5S, mais il lui a surtout manqué 21 suffrages pour atteindre la majorité absolue.

"Les chiffres montrent que Bersani ne peut obtenir le mandat nécessaire pour former un gouvernement puisqu'il n'a de toute évidence pas de majorité au Sénat", a constaté Angelino Alfano, secrétaire général du Peuple de la liberté (PDL), la formation de Silvio Berlusconi.

La seule alternative à un retour aux urnes serait un accord entre le PDL et le centre gauche, a-t-il poursuivi devant les caméras de la RAI, ajoutant que son parti réclamerait en change le droit de désigner le successeur du chef de l'Etat, dont le mandat s'achève en mai.

"Nous proposerions quelqu'un de grand prestige, absolument acceptable y compris pour la gauche", a-t-il assuré sans plus de précision.

Pier Luigi Bersani, dont le M5S a jusqu'ici ignoré les appels du pied, a jusqu'ici exclu tout accord de coalition avec la droite.

"A ce stade, les accords politiques préalables ne tiendraient pas. Les conditions ne sont pas réunies", a-t-il estimé dimanche. (Jean-Philippe Lefief pour le service français)