L'Union européenne a abouti lundi soir à un compromis sur les modalités d'application de nouvelles règles prévoyant de ramener en huit ans ces émissions à 95 grammes de CO2/kilomètre.

Cet accord avait le soutien de la plupart des Etats membres, précise-t-on de mêmes sources, mais l'Allemagne, qui estime les conséquences d'un tel accord seraient trop lourdes pour les modèles de luxe allemands des constructeurs tels que Daimler et BMW, s'y oppose.

Les Etats membres devaient voter ce jeudi, mais n'ont pas pu le faire, Berlin ayant joué les prolongations, ont-elles ajouté.

Des responsables du gouvernement allemand ont contacté leurs homologues dans l'Union européenne et "demandé à ce que la décision ne soit pas prise immédiatement", rapporte un diplomate européen, qui s'attend à ce que ce vote soit repoussé au-delà des élections de septembre en Allemagne.

"A ma connaissance, il n'est pas question de modifier le contenu du compromis", a déclaré la source, bien que d'autres sources européennes aient dit que l'Allemagne cherchait des alliés pour faire capoter l'accord et pas seulement le retarder.

Le projet accorde une certaine flexibilité en matière d'émissions, mais moins importante que ne l'espérait Berlin, qui n'a fait aucun commentaire sur le sujet jusqu'à présent.

Les associations de consommateurs se sont en revanche élevées vigoureusement contre ce report, estimant qu'il s'agissait d'un mauvais coup pour tous les consommateurs européens.

Monique Goyens, directrice générale du Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc), a noté que "l'intérêt de quelques grandes sociétés prenait le pas sur l'intérêt du consommateur".

Les constructeurs allemands se situent dans le haut du classement des plus gros émetteurs de CO2, avec une moyenne de 147 g/km en 2011 selon le Conseil international pour un transport propre (ICCT). La moyenne de l'Union est d'environ 132 g/km, donc proche de l'objectif de 130 g/km prévu pour la période 2012-2015.

Barbara Lewis à Bruxelles et Laurence Frost à Paris; Juliette Rouillon pour le service français, édité par Henri-Pierre André