BERLIN (Reuters) - Le gouvernement du chancelier allemand Olaf Scholz a dévoilé mercredi une stratégie de sécurité nationale, une première dans l'histoire de la République fédérale, qui désigne la Russie comme la principale menace pour l'Europe et met en garde contre la rivalité croissante avec la Chine.

Le document donne un aperçu de la politique étrangère de Berlin, qui a décidé depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, en février 2022, de donner la priorité à la sécurité plutôt qu'aux intérêts économiques.

"Il s'agit d'un changement majeur que nous opérons en Allemagne dans la manière dont nous traitons la politique de sécurité", a déclaré Olaf Scholz lors de la présentation de cette stratégie, faisant valoir une approche intégrée de la sécurité plutôt qu'un point de vue uniquement militaire.

Le plan aborde tout à la fois les menaces provenant du changement climatique ou celles liées aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement.

Il vise également à instaurer une approche interministérielle plus cohérente de la sécurité même si le gouvernement, qui repose sur une coalition tripartite SPD-Verts-Libéraux, n'a pas réussi encore à s'entendre sur la création d'un Conseil national de sécurité.

La première stratégie de sécurité nationale prend toutefois des engagements spécifiques en matière de préparation militaire.

Elle prévoit ainsi que l'Allemagne consacrera 2% de son produit intérieur brut (PIB) à la défense, "en moyenne ou sur une période de plusieurs années", se rapprochant ainsi de l'objectif fixé par l'Otan à ses membres.

Le pays a pour objectif de consacrer 2% de sa richesse nationale à la défense dès l'année prochaine, a déclaré le ministre des Finances, Christian Lindner, lors d'une conférence de presse au côté d'Olaf Scholz et d'autres ministres.

Parmi les autres mesures définies par la stratégie de sécurité nationale figurent la réduction de la dépendance à l'égard d'autres pays pour les matières premières et l'incitation pour les entreprises à détenir des réserves stratégiques.

La crise énergétique provoquée par l'invasion de l'Ukraine a mis en avant la forte dépendance de l'Allemagne à l'égard du gaz russe. Le pays entretient aussi des relations économiques étroites avec la Chine, son premier partenaire commercial.

Dans sa stratégie de sécurité nationale, Berlin estime que Pékin constitue une menace croissante pour la stabilité régionale et la sécurité internationale.

La Chine utilise son pouvoir économique pour atteindre des objectifs politiques et affirmer son hégémonie régionale, indique le document qui illustre la position plus ferme adoptée par l'Allemagne vis-à-vis de Pékin.

Une stratégie plus détaillée envers la Chine devrait être prête prochainement, a fait savoir mercredi Olaf Scholz.

(Reportage Sarah Marsh, Andreas Rinke, Miranda Murray, Rachel More et Madeline Chambers; version française Jean Terzian et Blandine Hénault, édité par Jean-Stéphane Brosse)