par Mark Felsenthal

La banque centrale a injecté plus de 1.000 milliards de dollars (730 milliards d'euros) dans l'économie après avoir ramené ses taux quasiment à zéro pour combattre la crise financière et la récession.

Si les Etats-Unis ont renoué avec la croissance au troisième trimestre de l'an dernier, le chômage, à 9,7% en janvier, reste à un niveau historiquement élevé.

Et Ben Bernanke a clairement laissé entendre que le resserrement de la politique monétaire était encore loin même si la réflexion de la Fed sur sa stratégie de sortie de crise progressait.

"Même si, aujourd'hui, l'économie américaine continue d'avoir besoin du soutien de politiques monétaires très accommodantes, à un moment donné, la Réserve fédérale devra durcir les conditions financières", a-t-il dit dans un discours rédigé en vue d'une audition par une commission de la Chambre des représentants.

Cette audition a été reportée en raison des intempéries sur la côte est des Etats-Unis mais la Fed a maintenu la publication du texte.

Celui-ci offre la description la plus précise à ce jour de la manière dont la banque centrale prévoit de retirer les soutiens d'urgence mis en place pour soutenir le système financier et l'économie.

Parmi les mesures susceptibles d'entrer dans ce processus figurent la vente d'actifs inscrits au bilan de la Fed et l'élargissement probable de l'écart entre le taux d'escompte (celui que la banque centrale applique aux prêts qu'elle accorde aux banques) et le taux des fonds fédéraux au jour le jour, son principal instrument de politique monétaire.

Wall Street a accusé le coup de la publication du discours, passant dans le rouge quelques minutes après pour perdre jusqu'à près de 1% vers 15h15 GMT, tandis que le dollar progressait.

"La Fed ne dit pas qu'elle est plus proche qu'hier d'un relèvement en bonne et due forme des taux d'intérêt. Cependant, la rumeur d'une possible hausse du taux d'escompte dans le cadre du processus de resserrement avait circulé sur les marchés et Bernanke a confirmé formellement cette rumeur", a commenté Cary Leahey, économiste de Decision Economics à New York.

LA FED ATTENDRA UNE REPRISE SOLIDE

La Fed, explique Bernanke dans son discours, pourrait commencer par tester des outils permettant d'absorber les réserves massives qu'elle a injectées dans le système financier, comme des procédures d'appels d'offres inversées et des dépôts à terme des banques auprès de la banque centrale.

Ces outils seraient utilisés pour des montants limités dans un premier temps afin de préparer les marchés, a-t-il ajouté.

La crise a conduit la banque centrale a gonfler considérablement son bilan en multipliant les rachats d'actifs adossés à des prêts immobiliers. Le montant global de ces actifs pourrait avoisiner 1.450 milliards de dollars fin mars, au moment où ces rachats devraient s'achever.

Ben Bernanke a précisé que la banque centrale ne prévoyait pas de revendre ces actifs à brève échéance, "au moins tant que le resserrement de la politique ne sera pas engagé et que l'économie ne sera pas clairement en reprise durable".

Lorsque la reprise sera bien avancée et qu'un resserrement accru sera nécessaire, la Fed pourrait vendre des titres, a-t-il poursuivi. Mais ces cessions seraient graduelles et les marchés seraient avertis largement à l'avance, a-t-il précisé.

Le retrait des mesures exceptionnelles comprendra aussi le relèvement du taux d'escompte et la réduction de la durée des prêts au guichet d'escompte, a-t-il aussi expliqué.

La Fed prévoit ainsi d'envisager "avant longtemps" une hausse "modeste" de l'écart entre le taux d'escompte et le taux des "fed funds", écrit-il.

Avant le début de la crise à l'été 2007, le taux d'escompte était supérieur d'un point de pourcentage (100 points de base) au taux des "fed funds". Aujourd'hui, le taux d'escompte est fixé à 0,5% alors que celui des "fed funds" se situe entre zéro et 0,25%.

Les perspectives touchant à la politique monétaire restent actuellement "à peu près les mêmes" que lors de la dernière réunion de politique monétaire, les 26 et 27 janvier, a précisé Ben Bernanke.

Il a ainsi réaffirmé l'engagement pris par la banque centrale de maintenir des taux exceptionnellement bas pendant "une période prolongée".

Marc Angrand pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten