par Gianluca Semeraro et Andrea Mandala

TURIN, 31 janvier (Reuters) - Banco Popolare pense sceller un accord de fusion avec Banca Popolare di Milano en l'espace d'un mois, ce qui serait le début du très attendu mouvement de consolidation d'un secteur bancaire italien fragmenté.

"La chose n'est pas encore faite mais nous y travaillons dur", a déclaré samedi à la presse Pier Francesco Saviotti, l'administrateur délégué de Banco Popolare, lors d'une conférence à Turin. Il a ajouté qu'un accord pourrait être établi dans l'espace d'"un mois au maximum".

S'exprimant lors de la même conférence, Banca Popolare di Milano (BPM) a dit qu'elle prendrait une décision touchant à une fusion en février mais a ajouté qu'elle restait ouverte à une alliance avec UBI Banca.

"Pour ce qui me concerne, il y a toujours deux options", a dit son administrateur délégué Giuseppe Castagna.

Les discussions de fusion entre BPM et Banco Popolare ont fait un grand pas en avant jeudi avec l'aval apporté par le gouvernement à un tel rapprochement.

Suivant une réforme adoptée l'an dernier et touchant les 10 premières banques mutualistes "popolari" italiennes, l'Etat a ouvert leur tour de table et supprimé les droits de vote qui permettaient à des actionnaires minoritaires de bloquer tout changement non souhaité.

On s'attend à ce que cette réforme, que les établissements concernés doivent appliquer avant la fin de l'année, déclenche une consolidation de grande ampleur dans leurs rangs.

LA POSTE PAS INTÉRESSÉE PAR MONTE DEI PASCHI

Des rivalités personnelles et les témoignages de fidélité à des potentats locaux ont jusqu'à présent entravé toute velléité de fusion, les établissements mégotant plus sur le lieu du futur siège social et sur la répartition des sièges du conseil d'administration que sur les conditions financières.

Mais les déconvenues boursières récentes du secteur bancaire italien motivées par le problème épineux des créances douteuses rendent encore plus pressant le besoin de fusionner. L'indice du secteur bancaire italien a perdu 23% depuis le début de l'année.

Victor Massiah, le patron d'UBI, a également fait savoir qu'il était disposé à se rapprocher de BPM et pris ses distances vis-à-vis des suggestions laissant entendre qu'il pourrait plutôt privilégier une alliance avec Monte dei Paschi di Siena , la banque italienne la plus en difficulté, en déclarant qu'une telle éventualité n'était pas envisagée.

Giuseppe Castagna, le patron de BPM, semble également exclure une fusion à trois avec UBI et Monte dei Paschi di Siena. Des sources proches du dossier ont dit cette semaine que cette possibilité était envisagée.

"Ne nous compliquons pas la vie", a-t-il dit, ajoutant qu'il était toujours très difficile de s'entendre à trois "même lorsque Monte Paschi n'est pas l'un des trois".

Fabrizio Viola, l'administrateur délégué de Monte Paschi, a dit, lors de la même conférence, que même s'il envisageait un rapprochement avec UBI il n'y avait aucun contact entre les deux établissements.

Victor Massiah a également dit qu'il n'y avait aucun projet de fusion d'UBI avec Monte Paschi mais il n'a pas semblé l'exclure a priori. "Nous n'avons aucun préjugé envers quiconque", a-t-il dit, ajoutant toutefois qu'il verrait bien un mariage avec BPM. "Si BPM veut s'entendre avec nous, nous sommes prêts", a-t-il dit.

Par ailleurs, la Poste italienne (Poste Italiane) a démenti être intéressée par une fusion avec Monte dei Paschi, comme le rapporte la presse.

"Poste Italiane déclare qu'aucune des idées de fusion ou d'acquisition avancées (dans l'article) concernant la restructuration du secteur bancaire n'entre dans ses projets", a dit la poste.

La Repubblica écrit dimanche que Rome envisage une éventuelle alliance de la filiale bancaire de la poste avec Monte dei Paschi, un projet de fusion à trois avec des établissements mutualistes ayant échoué.

"La rumeur voulant que le groupe (la poste) soit intéressé par l'achat de Monte dei Paschi est totalement infondée", a renchéri une source du Trésor.

(Avec Crispian Balmer, Stephen Jewkes et Giuseppe Fonte, Wilfrid Exbrayat pour le service français)