* Berlusconi promet de rembourser la taxe d'habitation perçue

* Il se déclare certain que la droite gagnera les élections

* L'opposition parle de propagande (Précisions, baisse de l'impôt sur le revenu, Fini, §§ 7, 12)

par Philip Pullella

ROME, 3 février (Reuters) - Silvio Berlusconi s'est engagé dimanche à procéder à une vaste réduction d'impôts en cas de victoire de la droite italienne dans trois semaines aux élections législatives des 24 et 25 février.

Prenant la parole lors d'une grande réunion publique à Milan, la ville qui a fait sa fortune, l'ancien président du Conseil, qui est âgé de 76 ans, a promis de revenir sur la très impopulaire taxe d'habitation (IMU) mise en place par l'actuel Premier ministre Mario Monti.

Cet impôt est en partie responsable de la réduction du déficit budgétaire du secteur public, ramené l'an dernier à 48,5 milliards d'euros, contre 63,8 milliards en 2011.

Dans un discours enflammé devant ses partisans enthousiastes, Silvio Berlusconi, qui brigue en cas de victoire non la tête du gouvernement mais les ministères de l'Economie et de l'Industrie, a indiqué que cette taxe serait non seulement abolie dès le premier Conseil des ministres mais que l'Etat reverserait aux contribuables les sommes déjà versées à ce titre.

Le manque à gagner serait partiellement comblé par un impôt, qui serait mis au point en accord avec la Suisse, sur les activités financières des Italiens dans la Confédération, a-t-il dit.

"Je veux livrer une dernière grande bataille électorale et politique", a dit Silvio Berlusconi, qui se présente pour la cinquième fois à des élections législatives après avoir annoncé à l'automne qu'il ne dirigerait pas la campagne de la droite.

Au cours de son discours, il a également promis de baisser l'impôt sur le revenu, de réduire le train de vie du gouvernement, de diminuer de moitié le nombre des parlementaires et de mettre fin au financement public des partis politiques.

Il s'est aussi engagé à supprimer dans les cinq ans un impôt régional sur les entreprises, à ne pas augmenter la TVA et à ne pas instaurer d'impôt sur la fortune.

En maître ès communication, Silvio Berlusconi a repété de nombreuses fois les mots "impôt", "contribuable", "fisc", en les agrémentant d'allusions à "l'anxiété des familles."

"CERTAINS DE L'EMPORTER"

Mario Monti et les dirigeants de l'opposition ont tiré à boulets rouges sur le magnat des médias, qui a multiplié ces dernières semaines les apparitions télévisées.

Silvio Berlusconi "n'a jamais tenu une seule de ses promesses", a déclaré Mario Monti. L'un des candidats du parti du Premier ministre a estimé que les propos de Berlusconi s'apparentaient à "un achat de voix".

Le président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, ancien allié de Berlusconi, a tourné en dérision les promesses du "Cavaliere". "Lors du deuxième Conseil des ministres, Berlusconi décrétera que tout le monde gagnera à la loterie", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Rosy Bindi, présidente du Parti démocrate (centre gauche) a dénoncé une "propagande électorale dangereuse". Un autre élu de gauche a évoqué "une longue litanie de stupidités."

La coalition de gauche, menée par Pier Luigi Bersani et qui rassemble le Parti démocrate et une petite formation classée plus à gauche, est donnée favorite dans les sondages mais pourrait ne pas être majoritaire au Sénat.

Le mode d'élection des sénateurs, au niveau des régions, favorise la droite qui domine les territoires les plus peuplés comme la Lombardie, la Vénétie et la Sicile.

Et l'écart se réduit au fil des semaines entre les deux blocs, notamment depuis le retour au premier plan de Silvio Berlusconi qui a totalement éclipsé Angelino Alfano, secrétaire général du Peuple de la Liberté (PDL).

"Nous pensons que nous sommes près d'un résultat historique. Pour faire simple, nous sommes certains de l'emporter", a dit le "Cavaliere" sous les vivats de la foule.

En cas de victoire de la droite, le poste de président du Conseil reviendra à Angelino Alfano.

Silvio Berlusconi, qui avait déjà indiqué qu'il se réservait le poste de ministre de l'Economie, a ajouté dimanche à son panier le portefeuille de l'Industrie.

"Si, bien sûr, Angelino Alfano me conserve sa confiance", a-t-il conclu en s'esclaffant. (Pascal Liétout et Guy Kerivel pour le service français)