D'après l'estimation préliminaire d'Eurostat, le PIB de la zone euro a augmenté moins que prévu au deuxième trimestre, progressant de tout juste 0,2% après 0,8% au premier trimestre, et alors que les économistes interrogés par Reuters attendaient en moyenne 0,3%.

La croissance du PIB des 17 pays utilisant la monnaie unique ressort à 1,7% l'an (consensus:1,8%), contre 2,5% au trimestre précédent.

Le ralentissement économique constaté récemment aux Etats-Unis frappe désormais l'Europe et sa locomotive allemande, qui a enregistré au deuxième trimestre la croissance la plus faible depuis début 2009.

D'après les chiffres préliminaires publiés mardi par l'Office fédéral des statistiques, la croissance allemande a ralenti à 0,1% au deuxième trimestre, contre 1,3% (révisé à la baisse après 1,5% initialement) sur les trois premiers mois de l'année.

Affectée par son déficit commercial, sa consommation en berne et de faibles investissements dans la construction, l'Allemagne a enregistré en rythme annuel une croissance de 2,8%, contre 5,0% au trimestre précédent. Les économistes interrogés par Reuters attendaient en moyenne 0,5% d'un trimestre sur l'autre et 3,2% l'an.

"C'est une déception sérieuse", commente Jörg Lüschow, de West LB. "Les Allemands non plus ne peuvent pas échapper au ralentissement mondial."

L'Office fédéral des statistiques a en outre révisé à la baisse la croissance du PIB au premier trimestre, à 1,3% contre 1,5% précédemment. Pour certains économistes, la prévision d'une croissance 2011 supérieure à 3% pourrait dès lors se révéler trop optimiste.

Selon Les Echos, le gouvernement français serait également sur le point de réviser en baisse ses prévisions de croissance 2012, en réaction à la croissance nulle constatée au deuxième trimestre.

LE DÉFI BUDGÉTAIRE SE COMPLIQUE

Les chiffres moroses de la croissance de la zone euro interviennent alors qu'est attendue dans l'après-midi une rencontre entre le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel portant sur la gouvernance de la région, en pleine crise de la dette et sur fond de craintes d'un ralentissement économique mondial.

Lundi, Paris et Berlin ont fait savoir que la création d'obligations communes à l'ensemble de la zone euro ("Eurobonds") ne figurait pas à l'ordre du jour de cette rencontre très attendue par les marchés.

Pourtant, la croissance nulle ou atone observée dans les pays les plus endettés de la zone euro - notamment la Grèce, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et l'Irlande - risque de rendre d'autant plus difficiles à atteindre leurs objectifs de redressement budgétaire, à mesure que les recettes fiscales diminuent et que les dépenses sociales augmentent.

En Espagne, la croissance a été de 0,2% au deuxième trimestre, après 0,3% au trimestre précédent, ravivant les craintes d'un retour à la récession alors que le pays est déjà fragilisé sur les marchés en raison du poids de sa dette.

"Les exportations ont apporté un soutien mais avec la détérioration des perspectives économiques à travers la zone euro, il est difficile d'anticiper une croissance de l'Espagne" commente Ken Wattret, économiste chez BNP Paribas, pointant du doigt une demande intérieure fragilisée par la stagnation économique dont souffre Madrid depuis trois ans.

Mardi, la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a estimé dans une tribune au Financial Times que si la réduction des déficits budgétaire devait rester une priorité, les Etats ne devaient pas sacrifier pour autant à court terme des mesures de soutien à la croissance et à l'emploi.

Seule l'Autriche a échappé à la morosité dominant la zone euro, voyant son PIB progresser de 1,0% d'un trimestre sur l'autre, et de 3,7% l'an.

Dans le sillage des chiffres du PIB de l'Allemagne et de la zone euro, les Bourses européennes sont en franche baisse depuis l'ouverture. Vers 10h55 GMT, l'indice paneuropéen EuroStoxx 50 perdait 1,68% tandis que l'indice parisien CAC 40 cédait 1,59%.

L'euro creuse ses pertes sous la barre des 1,44 dollar après être tombé jusqu'à 1,4366 dollar et 1,1182 franc suisse.

Les prix des Bunds allemands se raffermissent quant à eux, bénéficiant du regain d'aversion au risque des investisseurs.

Stephen Brown, Joseph Nasr et Kalina Oroschakoff, Natalie Huet pour le service français, édité par Gregory Schwartz