Les deux banques de Vénétie sollicitent une intervention publique, via une recapitalisation préventive, pour combler un déficit des fonds propres de 6,4 milliards d'euros détecté par la Banque centrale européenne (BCE) mais la Commission européenne a exigé qu'elles lèvent au préalable un milliard d'euros de fonds privés.

"Les conditions ne sont pas réunies pour le moment pour un investissement supplémentaire dans les banques avec les fonds que nous gérons", explique Alessandro Penati, directeur général du fonds Quaestio chargé de gérer Atlante, dans une lettre adressée aux deux banques.

Il ajoute qu'on ne connaît pas précisément le montant nécessaire aux deux banques et qu'on ne sait pas davantage si le montant demandé suffira à leur assurer le déblocage d'une aide publique.

Atlante, qui a déjà investi 3,4 milliards d'euros dans les deux banques depuis sa création l'année dernière, n'a plus que 50 millions d'euros en réserve, a précisé Alessandro Penati.

Il a ajouté qu'un fonds dérivé appelé Atlante II et mis en place spécifiquement pour racheter des créances bancaires douteuses avait déjà accepté par principe d'investir 450 millions d'euros dans un programme de titrisation des créances douteuses des deux établissements.

Tout nouvel investissement dans les créances douteuses de Banca Popolare di Vicenza et de Veneto Banca serait "problématique", a-t-il déclaré.

LE TEMPS PRESSE, DIT-ON À BRUXELLES

Un responsable européen proche des discussions entre Rome et Bruxelles a déclaré mardi que le temps pressait. "D'ici fin juin, nous devrions savoir si une recapitalisation préventive est faisable", a dit ce responsable à Reuters.

Si aucun accord n'est conclu entre l'Italie et l'UE, les autorités européennes prépareront leur propre solution via une procédure de "bail-in", dans laquelle les actionnaires, les créanciers et les principaux déposants des deux banques devront subir des pertes, a-t-il ajouté.

Rome veut obtenir de la Commission une dérogation aux règles de sauvetage des banques entrées en vigueur en janvier 2016, destinées à éviter aux contribuables d'avoir à supporter le coût de ces procédures.

L'Italie aimerait pour sa part qu'une recapitalisation préventive par l'Etat permette de limiter les pertes des particuliers et des investisseurs privés. Les autorités italiennes craignent qu'un "bail-in" des deux banques de Vénétie ne sape la confiance des investisseurs dans l'ensemble du secteur bancaire italien alors que des élections législatives semblent se profiler cet automne dans la péninsule.

"Cela va être un long bras de fer dans lequel quelqu'un va devoir finir par céder", a dit une source bancaire italienne.

Popolare di Vicenza, Veneto Banca et la BCE ont refusé de s'exprimer sur le sujet tandis qu'une source au Trésor italien a affirmé qu'il n'y avait aucun risque de mise en faillite des deux établissements.

"La seule option sur laquelle nous travaillons est une recapitalisation préventive, il n'y a pas d'autres options. Les discussions prennent du temps", a dit cette source.

La Commission européenne a assuré à de multiples reprises qu'il n'y avait pas de date-butoir à ces discussions au sujet des deux banques vénètes.

(Giulia Segreti, avec Stefano Bernabei et Giuseppe Fonte à Rome et Francesco Canepa à Bruxelles; Claude Chendjou et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)