par Peter Graff

Ce plan sera la pierre angulaire du futur budget d'austérité dont l'adoption, incertaine en raison de la crise politique qui s'ajoute aux difficultés économiques, conditionne l'octroi à l'Irlande de l'aide internationale. Le détail du plan sera disponible sur le site internet www.budget.gov.ie

Le montant du plan de sauvetage élaboré par le FMI et l'UE devrait tourner autour de 85 milliards d'euros, a confirmé mercredi le Premier ministre Brian Cowen.

"L'étendue d'un programme n'est pas encore décidée mais la somme de 85 milliards (d'euros) est discutée", a-t-il dit devant le parlement. "Les négociations se poursuivent, ces discussions avancent aussi vite que possible mais nous devons voir comment cela peut être finalisé."

La présentation du plan d'austérité, qui devrait prévoir six milliards d'économies budgétaires l'année prochaine, est une première étape avant celle, le 7 décembre, du projet de budget pour 2011 dont l'adoption est entourée d'incertitude.

Sous la pression de ses adversaires, Brian Cowen a annoncé la tenue d'élections législatives anticipées après le vote définitif du budget et ne devrait pas rester aux affaires assez longtemps pour appliquer lui-même cette loi de finances. Mais son éventuel successeur sera sans doute lié à ce plan, tant les marges de manoeuvre de l'Irlande paraissent faibles étant donné la défiance manifestée par les marchés.

L'agence de notation Standard & Poor's a abaissé mardi soir la note souveraine à long terme de l'Irlande à A contre AA- et sa note à court terme à A-1 contre A-1+. Ces deux notes ont en outre été placées sous surveillance avec implications négatives.

L'OPPOSITION ÉVASIVE

L'adoption du budget demeure incertaine au vu des divisions qui minent la coalition gouvernementale et du faible soutien dont bénéficie le Premier ministre dans ses propres rangs.

Les Verts, membre de la coalition, ont fait savoir qu'ils ne soutiendraient plus Brian Cowen après le vote du budget et son parti, le Fianna Fail, semble certain de perdre le pouvoir.

L'opposition réclame la dissolution immédiate du parlement et l'organisation au plus tôt d'élections législatives.

Le Fine Gael, principale formation d'opposition, est néanmoins resté évasif au sujet du budget 2011 et la présentation du plan d'austérité devrait le contraindre à sortir du bois et à dire s'il soutiendra ou s'opposera ensuite au projet de budget.

Les économistes ne s'attendent à aucune surprise sur les grandes lignes du plan d'austérité, qui devrait combiner 10 milliards d'euros de réduction de dépenses et cinq milliards d'euros de recettes supplémentaires d'ici 2015.

Ces mesures devraient inclure une baisse des prestations sociales, des effectifs de la fonction publique et des salaires des fonctionnaires, ainsi que la création d'une taxe foncière et un élargissement de l'assiette de l'impôt sur le revenu.

Le gouvernement ne compte pas en revanche toucher à l'impôt sur les sociétés, fixé à 12,5%, l'un des plus bas d'Europe, qu'il juge nécessaire à la future croissance économique mais qui irrite ses partenaires européens.

RECAPITALISATION DES BANQUES

Cette souplesse fiscale a permis à l'Irlande de connaître des années de forte croissance durant lesquelles s'est formée une bulle immobilière dont l'éclatement a ébranlé les banques. L'Etat va maintenant devoir recapitaliser les banques, ce qu'il pourrait faire dès ce week-end, selon la presse irlandaise.

Les investisseurs qui ont contraint l'Irlande à réclamer un soutien extérieur vont examiner de près les détails de ce plan. Ils pourraient renchérir un peu plus le coût de la dette irlandaise s'ils jugent que ce plan se fonde sur des hypothèses de croissance irréalistes, a ainsi prévenu Alan McQuaid, économiste à la société de courtage Bloxham.

"Les marchés pourraient juger certaines prévisions trop optimistes et augmenter les rendements en conséquence", a-t-il dit.

La crise irlandaise pèse déjà sur les coûts d'emprunt d'autres pays de la zone euro tels que le Portugal et l'Espagne.

Les responsables européens se veulent pourtant rassurants. Le vice-chancelier allemand Guido Westerwelle a insisté mercredi sur le caractère unique de la crise irlandaise et a écarté tout risque de contagion.

Au Portugal, les deux principaux syndicats organisaient mercredi leur première grève générale commune depuis 1988 pour protester contre les mesures d'austérité décidées par le gouvernement pour réduire la dette et le déficit du pays.

Bertrand Boucey et Grégory Blachier pour le service français, édité par Dominique Rodriguez