par Madeline Chambers

De l'avis de certains commentateurs, cette économie annuelle, couplée avec une augmentation limitée de la fiscalité, sera le programme d'austérité le plus important appliqué en Allemagne depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les ministres du gouvernement Merkel ont repris leurs discussions, après avoir travaillé tard dans la nuit de dimanche, et Angela Merkel devrait annoncer le résultat de leurs cogitations, tant pour le projet de budget 2011 que pour la planification jusqu'en 2014, en début d'après-midi.

La chancelière veut donner l'exemple de la rigueur budgétaire pour tenter de redonner confiance en un euro ébranlé par une crise budgétaire qui touche la Grèce et contamine d'autres Etats de la zone euro.

Mais il lui faut éviter d'avoir la main trop lourde, de crainte d'étouffer une reprise fragile dans la première économique européenne.

Il est probable que le déficit budgétaire de l'Allemagne dépassera 5% du PIB cette année, alors que le maximum autorisé par le Pacte de stabilité et de croissance de l'Union européenne est 3%.

Angela Merkel veut en outre asseoir une autorité politique mise à mal par une chute de la popularité des conservateurs et par les critiques qui s'exercent sur la manière dont elle a géré la crise de la zone euro.

GAUCK CONTRE WULFF

"Ce conseil des ministres donne une direction importante à l'Allemagne dans les années à venir, des années qui seront déterminantes", a-t-elle déclaré à la presse dimanche, juste avant le début des discussions ministérielles. "Nous ne pouvons dépenser que ce que nous rapportons."

Elle a promis de sanctuariser l'éducation et les retraites mais voit des possibilités d'économies du côté de la sécurité sociale et de l'indemnisation du chômage, économies qui pourraient atteindre dans les 400 millions d'euros.

De surcroît, 10.000 emplois vont disparaître dans la fonction publique, rapportent les médias. Enfin, des coupes de l'ordre de 600 millions d'euros affecteront le budget de la défense en 2011 et elles atteindront 1,1 milliard d'euros en 2012.

Berlin pourrait également dégager 2,3 milliards d'euros d'économies annuelles, rapportent les médias, en taxant l'usage des barres de combustible par des entreprises bénéficiant d'une probable extension de la durée de vie de certaines centrales nucléaires.

Ce qui aura été décidé en conseil des ministres devra être approuvé par le Bundestag et le Bundesrat et ce n'est pas acquis. Une élection régionale calamiteuse en mai a fait perdre la majorité à la coalition au pouvoir au Bundesrat.

Même la désignation du prochain président, après la démission brutale de Horst Köhler le 31 mai, est source de souci pour Angela Merkel, quand bien même la fonction est essentiellement honorifique.

L'opposition sociale démocrate et les Verts mettent en avant Joachim Gauck, un pasteur ex-militant des droits de l'homme et ardent opposant au communisme contre lequel il s'est battu du temps de l'Allemagne de l'Est, pour barrer la route au conservateur Christian Wulff, le choix de la chancelière.

Christian Wulff est le Premier ministre du Land de Basse-Saxe. L'élection présidentielle aura lieu le 30 juin.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Dominique Rodriguez