Contexte. Les groupes de luxe ont retrouvé le chemin de la croissance. Ils tirent partie d'un effet devise positif grâce à un euro (monnaie de production) déprécié face au dollar et au yen (monnaies de vente). De plus, les clients du secteur ont cessé de différer leurs achats. Tous les secteurs bénéficient de taux de progression à deux chiffres, y compris les montres, la joaillerie et le champagne, victimes de déstockage l'an passé. Les ventes redémarrent également en Europe et dans la zone Amérique. Sur le premier semestre 2010, Hermès a bénéficié d'une croissance de son activité de 20% et d'une marge opérationnelle en hausse de 22,8% à 28,3%. Gucci a affiché une progression de ses ventes de 11% et Swatch de 22%. Le leader mondial, LVMH, a surpris le marché par ses bonnes performances au premier semestre. Son chiffre d'affaires s'est accru de 16% à 9,09 milliards d'euros. Toutes ses activités ont enregistré une croissance à deux chiffres, reflet notamment d'une politique de prix élevés. Le résultat opérationnel courant a bénéficié d'un record de progression en bondissant de 33%, à 1,81 milliard. Côté cosmétiques, si les performances de l'Oréal sont en forte amélioration sur le premier semestre 2010 (avec un chiffre d'affaires de 9,7 milliards en hausse de 6,3% et un bénéfice net qui s'est surenchéri de 21%), l'incertitude grandit sur l'avenir de la participation de Nestlé. Le groupe suisse affirme réfléchir au développement à long terme de sa participation dans le capital du leader mondial.

Perspectives et enjeux. Certains analystes parient sur une croissance mondiale du secteur supérieure à celle anticipée par le cabinet de conseil Bain & Co (+4%), en affirmant que le marché pourrait croître de 7%. Cet optimise est corroboré par les prévisions des acteurs. Si LVMH n'a pas fait de prévision chiffrée pour 2010, il a annoncé aborder le second semestre avec confiance tout en poursuivant la rationalisation de ses coûts. Le suisse Swatch, qui a déjà annoncé d'excellents résultats, parie sur de solides performances pour le second semestre 2010. Les groupes les plus fragiles ont profité de la crise pour assainir leurs finances et ainsi se renforcer. L'italien Prada, qui est toujours détenu par la famille fondatrice à 95%, vient de conclure un prêt de 360 millions d'euros sur trois ans auprès d'un pool bancaire, afin de se désendetter et développer ses implantations de magasins. Quant au joaillier italien Bulgari, il a réduit ses pertes semestrielles.

Pour comprendre. L'industrie du luxe comprend la haute couture, la maroquinerie, la joaillerie, l'horlogerie. Quant à celle des cosmétiques, elle inclut les produits de beauté et la parfumerie. Ces deux secteurs sont principalement basés en Europe. Les évolutions du marché du luxe sont fortement liées aux flux touristiques. Ce marché est également très sensible aux variations monétaires (du fait de coûts en euros et d'un chiffre d'affaires en grande partie dans d'autres devises) et aux effets de mode.