Contexte. Le marché des jeux vidéo a poursuivi son déclin sur les derniers mois. Selon les données de l'institut d'études de marché NPD, durant les trois premiers trimestres de l'année, la baisse (en volume) des ventes de jeux a atteint 8% aux Etats-Unis, 13% en Grande-Bretagne et 9% au Japon. En France, la valeur du marché a reculé de 13% sur les neuf premiers mois de l'année. Les acteurs français comme étrangers ont enregistré, pour la plupart, une dégradation de leurs résultats. Le français Ubisoft a affiché une perte nette de 52 millions d'euros au titre du premier semestre de son exercice 2009-2010. Son chiffre d'affaires a été divisé par plus de 2, sur la période, pour tomber à 166 millions d'euros. Quant à Atari (ex-Infogrames), sur le premier semestre, il a enregistré des pertes opérationnelles courantes de 19,9 millions d'euros, contre -26,9 millions d'euros au premier semestre 2008-2009. Pour renforcer ses fonds propres, l'entreprise a dû lancer une augmentation de capital. Même l'un des leaders mondiaux, Nintendo, constate une détérioration de ses performances. Au deuxième trimestre de son exercice fiscal 2009-2010, son bénéfice d'exploitation a chuté de moitié, à 64 milliards de yen (480 millions d'euros). Son produit phare, la Wii, séduit moins alors que son concurrent Sony a renforcé sa gamme de consoles, et que l'iPhone et l'iPod Touch d'Apple, qui permettent entre autres de télécharger des jeux vidéo, se positionnent de plus en plus en tant que consoles de jeux nomades.

Perspectives et enjeux. La plupart des éditeurs espèrent que la baisse des prix des consoles leur permettra de relancer leur activité pour la fin de l'année. Intervenues en septembre, ces baisses de prix ont été décidées au moment où les consoles de salon actuelles (la Wii, la PS3 et la Xbox360) arrivent en milieu de cycle. Des éditeurs peuvent également compter sur le lancement de jeux très attendus. C'est le cas d'Activision Blizzard (filiale de Vivendi), qui a récolté 550 millions de dollars après cinq jours seulement de commercialisation du jeu « Call of Duty Modern Warfare 2 ». A moyen terme, la convergence entre téléphones portables et jeux vidéo représente une bonne opportunité pour le secteur. Ainsi l'iPhone permet de télécharger plus de 20.000 jeux. Les jeux sur mobiles pourraient représenter un marché de 8,5 milliards d'euros d'ici à quatre ans. Le créneau des jeux en ligne, qui représente également une aubaine, attire les convoitises. Electronic Arts a ainsi acquis Playfish, société qui développe des jeux pour réseaux sociaux, pour 300 millions de dollars.

Pour comprendre. Industrie cyclique, le secteur des jeux vidéo regroupe les constructeurs de consoles et les éditeurs et développeurs de jeux. Les marques sont stratégiques dans l'industrie. Ainsi, grâce au succès mondial de son jeu en ligne « World of Warcraft » (10,7 millions d'abonnés) Vivendi Games s'est trouvé dans une position confortable pour négocier sa fusion avec Activision. De plus, dans le cadre de son offre hostile sur Take-Two, qui a finalement échoué, Electronic Arts voulait surtout acquérir sa licence phare, le jeu « Grand Theft Auto ».