NATIONS UNIES, 4 mars (Reuters) - Amnesty International a exhorté lundi le Conseil de sécurité des Nations unies à ne pas lever son embargo sur les armes à destination de la Somalie datant de 1992, estimant "prématuré" le projet en ce sens qui circule actuellement dans les couloirs de l'Onu.

Le Conseil de sécurité envisage de lever pour une période d'un an cet embargo pour ce qui concerne le gouvernement de Mogadiscio de manière à aider les autorités somaliennes légitimes à renforcer leur armée engagée dans la lutte contre les rebelles islamistes d'Al Chabaab, à en croire un projet de résolution dont Reuters s'est procuré un exemplaire.

"Sans garde-fous adéquats, les transferts d'armes risquent de présenter des risques accrus aux populations civiles et d'aggraver la situation humanitaire", a fait valoir Gemma Davies, chercheuse pour la Somalie d'Amnesty International.

"Pendant plusieurs années, l'embargo pour les armes à destination de la Somalie a été violé sans relâche par les armes fournies aux groupes armés de part et d'autre du conflit. Le flot d'armes vers la Somalie a alimenté de graves atteintes aux droits de l'homme commis pendant le conflit", a-t-elle dit.

Le gouvernement somalien réclame la levée de l'embargo et les Etats-Unis font pression sur les Quinze pour qu'ils donnent leur accord. Mais Londres et Paris redoutent semblable mesure dans un pays qui regorge déjà d'armes, expliquent les diplomates.

Le projet de résolution, parrainé par la Grande-Bretagne, semble proposer une formule de compromis: lever l'embargo pour un an seulement tout en maintenant les restrictions portant sur les armes lourdes comme les missiles sol-air, les obusiers et les canons.

Le Conseil de sécurité a décrété l'embargo il y a 21 ans pour tarir le flot d'armes aux chefs de guerre somaliens qui s'affrontaient alors et avaient renversé en 1991 le président-dictateur Mohamed Siad Barré, plongeant le pays dans une guerre civile féroce.

L'an dernier, la Somalie a franchi un cap majeur sur la voie de la transition démocratique en élisant son président et son Premier ministre. (Louis Charbonneau, avec Michelle Nichols; Jean-Loup Fiévet pour le service français)