BERLIN, 3 juin (Reuters) - Nombre d'inspecteurs subalternes du ministère des Finances du IIIe Reich n'avaient pas conscience de l'holocauste et avaient tenté de contacter des juifs déjà exterminés, dont les fortunes et les biens avaient été pillés par leurs supérieurs hiérarchiques, à en croire un nouveau livre.

L'appui apporté par les fonctionnaires du ministère des Finances aux nazis n'avait jamais été étudié dans le détail avant la parution de ce livre, "Bureaucratie et crime", une commande de ce ministère signée par l'historienne berlinoise Christine Kuller.

Il apparaît à la lecture de ces pages que le Reichsfinanzministerium a joué un rôle actif dans le pillage des biens des Juifs allemands qui avaient fui le régime nazi ou qui avaient été envoyés dans les camps.

"Certains éléments laissent penser que les hauts fonctionnaires du ministère avaient vent de l'holocauste et ont pris part à certains moments à sa planification", a déclaré l'auteur à la radio Deutschlandfunk, avant la présentation officielle du livre, lundi au ministère.

"Mais cela n'était pas le cas des inspecteurs des impôts subalternes. On a des exemples d'inspecteurs des impôts qui ont tenté de retrouver des Juifs déportés, pour leur poser des questions sur les biens qu'ils laissaient derrière eux. A coup sûr, leurs supérieurs devaient savoir qu'ils avaient déjà été exterminés", explique Christine Kuller.

Le ministère des Finances, aujourd'hui installé dans le formidable complexe de bâtiments construits à l'origine pour abriter le siège de la Luftwaffe (armée de l'air) dans le centre de Berlin, est le dernier ministère en date à faire un examen critique de son rôle sous le nazisme.

Le ministère des Affaires étrangères a été le premier à le faire, voici près de dix ans, après avoir été longtemps présenté comme un bastion de la résistance à l'hitlérisme. (Erik Kirschbaum; Eric Faye pour le service français, édité par Pascal Liétout)