par Stephen Brown

14 avril (Reuters) - Peer Steinbrück, le rival social-démocrate d'Angela Merkel pour la chancellerie, s'est efforcé dimanche de remobiliser des troupes démoralisées par les sondages qui donnent le SPD loin derrière les conservateurs au pouvoir à cinq mois des élections législatives allemandes.

Un tiers seulement des Allemands souhaitent voir l'ancien ministre des Finances diriger le gouvernement, tandis que 60% privilégient le maintien d'Angela Markel à la chancellerie.

En outre, l'alliance entre le SPD et les Verts est largement distancée dans les sondages par la coalition de droite au pouvoir, composée de la CDU-CSU et des libéraux du FDP.

Le manque de charisme de Peer Steinbrück est reconnu au sein même du SPD. Un sondage publié dimanche montre que 48% des militants estiment que le parti aurait plus de chances de l'emporter au scrutin du 22 septembre avec un autre chef de file.

Devant les délégués du SPD réunis en congrès dimanche à Augsbourg, en Bavière, Peer Steinbrück a fait fi de ces réserves. "Je veux être le chancelier de la République fédérale allemande", a-t-il assuré.

"Le gouvernement n'a rien laissé sur les rayons, juste de belles petites boites à la vitrine du magasin", a-t-il ajouté en donnant des gages à l'aile gauche du parti qui se méfie de sa réputation de gestionnaire lorgnant vers le centre

Le candidat à la chancellerie a parlé équité des salaires et des retraites, prix accessibles des logements, plus forte imposition des riches et mis l'accent sur la création d'emplois.

ATTAQUER MERKEL SUR SES POINTS FORTS

"Le parti n'est pas démotivé. L'état d'esprit est positif, même chez ceux qui ne sont pas par nature des fans de Steinbrück", a estimé le maire de Berlin Klaus Wowereit, l'une des figures les plus populaires du SPD.

Les autres dirigeants du parti veulent aussi voir leur leader attaquer de façon plus virulente Angela Merkel et sa politique, une posture que Steinbrück peine à prendre en raison de l'estime mutuelle forgée entre Merkel et lui au fil des années de collaboration dans le gouvernement d'union nationale entre 2005 et 2009.

"Nous devons aussi attaquer la chancelière sur ses points forts, ce qui signifie faire preuve de plus d'audace sur l'Europe", juge ainsi Peter Friedrich, "patron" du SPD dans le Bade-Würtemberg.

Soucieux de dissiper les craintes des écologistes qui s'inquiètent d'une nouvelle "grande coalition" droite-gauche, le président du SPD, Sigmar Gabriel, a répété que la seule alliance possible pour le SPD était avec les Verts.

Le credo de Gabriel n'a pas convaincu tous les délégués présents. Certains se disent déja résignés à la deuxième place aux législatives et n'envisagent un retour au pouvoir que comme partenaire minoritaire de la CDU-CSU.

"Je continue de penser que l'option la plus probable reste le duo rouge-vert, mais il faut penser à une alternative", confesse ainsi un haut dirigeant du parti.

Un aveu qui a le don d'irriter les Verts. "Ils devraient se souvenir qu'ils sont sortis la dernière fois (de la grande coalition) à 23%", rappelle le chef de file des écologistes, Jürgen Trittin. (Avec Holger Hansen et Hans-Edzard Busemann, Pascal Liétout pour le service français)