par Sarah Marsh

ESSEN, ALLEMAGNE, 29 juin (Reuters) - Les dirigeants d'Alternative pour l'Allemagne (AfD) ont fait état samedi d'une augmentation du nombre d'adhérents au parti d'extrême droite et ont promis de s'appuyer sur leur succès lors des élections au Parlement européen pour tenter de remporter trois scrutins dans l'est du pays cette année.

L'AfD s'est hissée à la deuxième place dans les sondages nationaux l'année dernière sur fond de frustration liée aux luttes internes au sein de la coalition du chancelier Olaf Scholz et d'inquiétudes relatives à la faible croissance de la plus grande économie d'Europe et à la guerre en Ukraine.

Bien qu'une série de scandales et de manifestations contre l'extrémisme ait affaibli le soutien dont il bénéficie ces derniers mois, le parti nationaliste et eurosceptique est arrivé en deuxième position du scrutin européen avec un score de 15,9%, devant les trois partis de la coalition d'Olaf Scholz.

Le nombre d'adhérents de l'AfD a augmenté de 60% depuis janvier 2023 pour atteindre 46.881, a déclaré le coprésident Tino Chrupalla à près de 600 délégués lors de la convention du parti dans la ville d'Essen, dans l'ouest du pays. Quelque 22.000 personnes ont rejoint le parti, tandis que 4.000 l'ont quitté.

"Malgré tout le harcèlement que vous devez subir en tant que membre de l'AfD, ce chiffre est absolument sensationnel", a déclaré Tino Chrupalla.

Le chiffre annoncé ne représente cependant qu'une fraction des centaines de milliers d'adhérents que revendiquent les grands partis allemands, les sociaux-démocrates et les conservateurs.

Le congrès s'est tenu en dépit de la résistance des autorités de la ville - avec des drapeaux arc-en-ciel et européens accrochés à l'extérieur du centre de congrès - et de milliers de manifestants qui ont tenté d'empêcher les délégués de l'AfD de se rendre sur place.

Le rassemblement se poursuivra jusqu'à dimanche, jour du premier tour des élections législatives anticipées en France qui pourraient porter l'extrême droite au pouvoir.

"Nous ne nous laisserons pas intimider", a déclaré la coprésidente Alice Weidel. "Nous sommes là et nous sommes là pour rester."

L'AfD est en passe d'arriver en tête des élections en Thuringe, en Saxe et dans le Brandebourg en septembre, selon les sondages, ce qui compliquera probablement davantage la gouvernance dans ces régions, car les autres partis refusent de former une coalition avec elle.

Lors de l'examen du programme politique du parti, Alice Weidel a déclaré que les alliés de l'AfD devraient s'opposer au versement de l'argent des contribuables aux "États endettés" d'Europe et à l'idée que l'Ukraine appartient à l'Union européenne, après qu'elle a entamé des pourparlers d'adhésion cette semaine.

L'AfD est en passe de former un nouveau groupe politique au Parlement européen - une démarche qui nécessiterait 23 eurodéputés d'au moins sept pays de l'UE - après avoir été expulsée du groupe Identité et Démocratie (ID) le mois dernier, a déclaré Alice Weidel.

ID a exclu l'AfD après que son principal candidat aux élections européennes a déclaré que les Waffen SS nazis n'étaient "pas tous des criminels", une décision qui a coûté au parti à la fois son financement et son programme au Parlement. (Reportage de Sarah Marsh, rédigé par Alison Williams, version française Benjamin Mallet)