BERLIN, 5 juin (Reuters) - La dirigeante du parti xénophobe AfD (Alternative pour l'Allemagne), Frauke Petry, a reproché dimanche au milieu de terrain Mesut Özil de ne pas chanter l'hymne national, dernier coup de griffe en date de cette formation contre des membres de la Mannschaft issus de minorités ethniques.

Dans une interview que publie le journal Die Welt am Sonntag, Frauke Petry accuse également Özil, musulman pratiquant, de poursuivre des visées politiques en postant sur les réseaux sociaux une photo le montrant en pèlerinage à La Mecque le mois dernier.

"Il est honteux que Mesut Özil, en qui tant d'enfants et de jeunes gens s'identifient, ne chante pas l'hymne national", déclare-t-elle dans l'interview.

Mesut Özil, de la troisième génération d'Allemands d'origine turque, est souvent cité en exemple d'intégration réussie dans la société allemande, en tant que pilier de la sélection nationale depuis 2009.

Le milieu de terrain, qui évolue chez Arsenal, n'a pas réagi pour l'heure à l'attaque de Frauke Petry. Sur son site internet, le magazine Der Spiegel relève que les joueurs allemands n'ont pas de tradition ancrée de chanter l'hymne national quand il retentit avant le coup d'envoi des matches, et qu'il n'est pas inhabituel que certains demeurent silencieux, quelle que soit leur religion.

Interrogée à propos du pèlerinage qu'a effectué Özil à La Mecque, Petry accuse le footballeur d'hypocrisie et de rechercher une visibilité politique.

Voici une semaine, le vice-président d'AfD Alexander Gauland avait soulevé un tollé en déclarant que, même s'ils appréciaient le joueur noir Jérôme Boateng - de mère allemande et de père ghanéen - lors des matches, les Allemands ne souhaitaient pas l'avoir comme voisin.

AfD, qui maintient que l'islam viole la Constitution allemande et réclame l'interdiction des minarets et du voile, semble pâtir de ses interventions contre les joueurs de football. Selon un sondage publié par le Bild am Sonntag, le parti, apparu en 2013 sur la scène politique, recule de deux points et n'est plus crédité désormais que de 12% des intentions de vote au niveau fédéral. (Caroline Copley; Eric Faye pour le service français)