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Londres (awp/afp) - Le prix de l'or a légèrement monté sur la semaine, les investisseurs hésitant entre la perspective d'une récession aux États-Unis accompagnée d'une politique monétaire américaine moins stricte au bénéfice du métal jaune, ou la poursuite d'un resserrement de la Fed pour contrer l'inflation.

"L'or est repassé sous le seuil psychologiquement important de 1.800 dollars après la dernière démonstration de résistance de l'économie américaine", commente Han Tan, analyste chez Exinity.

La croissance du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis au 3e trimestre a été révisée en hausse, a-t-on appris jeudi, et s'établit à 3,2% en rythme annualisé, mieux que ce à quoi s'attendaient les analystes.

"Ces données semblent ouvrir la voie à de nouvelles hausses des taux de la Fed (Réserve fédérale américaine), le principal adversaire des spéculateurs aurifères", poursuit Han Tan.

Mais lors de sa dernière réunion de l'année mi-décembre, l'institution n'a relevé que de 50 points de base ses taux directeurs, contre 75 points lors de ses réunions précédentes.

Et l'inflation a fortement ralenti en novembre aux Etats-Unis, tombant à 5,5% sur un an contre 6,1% en octobre, selon l'indice PCE, privilégié par la Fed, publié vendredi.

Rupert Rowling, de Kinesis Money, rappelle que le prix de l'or avait fortement augmenté sur les spéculations de l'adoption par la Fed d'une politique monétaire moins agressive en 2023.

"Si cette hypothèse s'avère fausse, l'or pourrait rapidement retomber sur ses plus bas niveaux enregistrés au cours des trois derniers mois", affirme-t-il.

D'autant que la banque centrale a insisté sur sa détermination à combattre l'inflation, ouvrant ainsi la porte à de nouvelles hausses de taux.

Vers 13H30 GMT (14H30 à Paris), l'once d'or coûtait 1.797,19 dollars vendredi, contre 1.793,08 dollars sept jours plus tôt en fin d'échanges.

Le sucre s'envole

Les cours du sucre continuaient de grimper sur la semaine, le marché souffrant toujours d'un manque de sucre brut alors que la demande, elle, reste robuste.

A New York, le sucre brut a battu vendredi un nouveau record de prix depuis février 2017, à 21,18 cents la livre.

Selon Jack Scoville, de chez Price Group, la raison de cette montée des prix est simple: "une forte demande (fait) face à une offre restreinte".

L'analyste évoque notamment des récoltes "retardées" en Thaïlande, mais aussi en Australie et en Amérique centrale.

D'autre part, l'Inde, qui se dispute la place de premier pays producteur de sucre au monde avec le Brésil, "produit du sucre blanc principalement à partir de matières premières non raffinées importées du Brésil, de sorte que l'on soupçonne une pénurie de sucre brut sur le marché", souligne M. Scoville.

Les analystes s'accordent cependant sur le fait que l'offre de sucre tend à augmenter, ce qui devrait détendre les prix sur le long terme.

D'autant que les prix des carburants ayant baissé, transformer une partie de la récolte de sucre en éthanol devient moins intéressant pour les producteurs, augmentant ainsi la quantité disponible sur le marché.

Jack Scoville évoque même une production de sucre qui devrait être "largement excédentaire l'année prochaine".

Vers 13H30 GMT, à New York, la livre de sucre brut pour livraison en mars valait 20,88 cents, contre 20,09 cents sept jours auparavant.

A Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison le même mois valait 572,10 dollars contre 546,80 dollars le vendredi précédent à la clôture.

Le nickel monte

Le prix du nickel a légèrement augmenté cette semaine sur le London Metal Exchange (LME) profitant de la dynamique haussière générale des métaux de base avec les espoirs de redémarrage économique de la Chine, important importateur de métaux, et du manque d'offre à venir en Occident.

Thu Lan Nguyen, analyste chez Commerzbank, qualifie les gains sur les marchés des métaux de base de "discrets".

"Cela est probablement dû à l'incertitude persistante concernant la situation sanitaire" de la Chine, souligne-t-elle.

Si le pays a en effet décidé de s'éloigner de sa très stricte politique sanitaire du zéro-Covid, la Chine est en proie à une hausse des infections depuis ces assouplissements.

En parallèle, le nickel bénéficiait aussi de l'annonce par le groupe minier russe Nornickel de son intention de réduire de 10% sa production de nickel en 2023.

Commerzbank relève également les investissements des géants chinois du secteur en Indonésie, important pays producteur, "afin d'éviter de futurs goulets d'étranglement dans les échanges à la Bourse des métaux de Londres".

"L'augmentation attendue de la production indonésienne de nickel devrait donc être expédiée principalement vers la Chine, ce qui va dans le sens des efforts déployés par le gouvernement de Pékin pour stimuler son industrie nationale des véhicules électriques", explique Thu Lan Nguyen.

En effet, de nombreux métaux comme le nickel, le lithium ou encore le cobalt sont essentiels pour la fabrication des batteries des voitures électriques, en permettant de limiter leur taille.

La situation de l'offre de nickel en Occident pourrait ainsi rester tendue, "d'autant plus qu'il existe un risque que le nickel de Russie soit également de plus en plus exporté vers l'Asie en raison du conflit en Ukraine", relève l'analyste.

Sur le LME, vers 11H10 GMT (12H10 à Paris), la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s'échangeait à 29.875 dollars vendredi, contre 28.273 dollars le vendredi précédent à la clôture.

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