* Kandahar, Herat et Lashkar Gah aux mains des taliban

* USA et GB déploient des troupes pour sécuriser les évacuations

* L'Onu s'attend à une catastrophe humanitaire (Actualisé avec capture d'un chef de guerre local §3, ministre néerlandaise des Affaires étrangères §11, réunion Otan §13)

KABOUL, 13 août (Reuters) - Les taliban ont encore accru leur emprise sur l'Afghanistan vendredi, avec la prise de contrôle de Kandahar et Herat, les deuxième et troisième villes du pays, tandis que plusieurs pays occidentaux s'apprêtaient à dépêcher des troupes pour procéder à l'évacuation du personnel diplomatique dans la capitale Kaboul.

Après la progression fulgurante des insurgés islamistes ces derniers jours, la prise de Kandahar, chef-lieu de la province méridionale éponyme, ainsi que celle de Herat, capitale de la province du même nom, dans l'ouest du pays, près de la frontière avec l'Afghanistan, constitue un sérieux revers pour le gouvernement central.

A Herat, où les taliban ont conquis la majeure partie de la ville, ils ont également capturé un chef de guerre local, Ismail Khan. Ce septuagénaire surnommé le Lion du Herat, vétéran du Djihad anti-soviétique, se trouvait à la tête des milices ayant tenté de résister à l'avancée des insurgés islamistes.

Les taliban se sont également emparés vendredi de Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand, dans le sud du pays, ainsi que de Qala-i-Naw, chef-lieu de la province de Badghis, dans le nord-ouest, selon des responsables de la sécurité.

La ville de Chaghcharan (également appelée Firuz Koh), capitale de la province de Ghor, dans le centre du pays, a quant à elle été cédée aux taliban sans combat.

Les multiples offensives lancées en mai à travers le pays par ces insurgés islamistes tournent désormais à la débâcle pour les forces gouvernementales. Ces dernières ne contrôlent plus que trois des principales villes du pays: la capitale Kaboul, la ville de Mazar-i-Sharif dans le nord et celle de Djalalabad, dans l'est, près de la frontière pakistanaise.

CATASTROPHE HUMANITAIRE EN VUE, PRÉVIENT L'ONU

Avec les succès engrangés sur fond de retrait en cours des forces américaines et internationales - qui doit s'achever à la fin du mois - les taliban se sont emparés de 14 des 34 capitales provinciales du pays depuis le 6 août.

Les territoires qu'ils contrôlent dépassent désormais largement leur ancrage traditionnel dans le Sud afghan, berceau du mouvement de ces combattants pachtounes qui souhaitent restaurer dans le pays une version rigoriste de la charia, la loi fondée sur le Coran.

Face à leur progression, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont annoncé jeudi qu'ils redéploieraient temporairement des soldats pour sécuriser l'évacuation de leur personnel diplomatique. Selon l'agence Associated Press, le Canada devrait faire de même.

La ministre néerlandaise des Affaires étrangères Sigrid Kaag a déclaré vendredi à La Haye à la presse que les Pays-Bas, comptaient maintenir ouverte leur ambassade à Kaboul aussi longtemps que possible mais que cela pourrait devenir impossible si la ville tombait aux mains des taliban.

Les Etats-Unis estiment qu'à ce rythme, les taliban pourraient s'emparer de Kaboul d'ici 90 jours.

Selon des sources sécuritaires, les ambassadeurs des pays de l'Otan doivent se réunir dans la journée pour coordonner les mesures nationales de réduction de la présence du personnel diplomatique en Afghanistan.

Alors que la progression des taliban a déjà jeté sur les routes des dizaines de milliers de personnes cherchant à se réfugier dans la capitale ou d'autres grandes villes, les Nations unies ont prévenu vendredi que la situation sur place laissait présager d'une catastrophe humanitaire imminente. (Bureaux de Kaboul, Islamabad et Washington, rédigé par Robert Birsel ; version française Camille Raynaud et Myriam Rivet, édité par Blandine Hénault)