Cette adoption par 89 voix pour et huit contre est intervenue deux heures après le moment fatidique, fixé au 31 décembre à minuit, à partir duquel devaient entrer en vigueur les premières hausses d'impôts et coupes budgétaires automatiques de 600 milliards de dollars.

Cet accord doit maintenant être examiné par la Chambre des représentants où les républicains disposent de la majorité et vers laquelle tous les regards sont désormais tournés.

Cet examen devrait avoir lieu dans la journée de mardi puisque la chambre basse du Congrès a prévu de se réunir à midi (17h00 GMT).

De nombreux représentants républicains ont exprimé leurs doutes sur cet accord prévoyant une hausse de l'imposition des plus fortunés et sur la réduction des dépenses publiques.

Le compromis aura certainement besoin d'un franc soutien de la part des démocrates pour être entériné.

Le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, a indiqué qu'il n'avait pas encore décidé s'il autoriserait l'adoption d'amendements au texte ou s'il proposerait un vote pur et simple sur le compromis.

"La Chambre honorera son engagement d'étudier l'accord du Sénat s'il est voté. La décision d'adopter ou d'amender le texte ne sera pas prise avant que les membres de la Chambre (...) aient pu l'examiner", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Depuis les élections de mi-mandat en 2010 qui ont marqué la victoire de son parti, Boehner peine à faire régner une discipline de vote au sein de la Chambre des représentants en raison de la présence de plusieurs dizaines de conservateurs proches du Tea Party opposés à la hausse des impôts et exigeant des réductions de dépenses des programmes sociaux, santé et retraite.

"Nous pensons qu'il ne faut augmenter les impôts pour personne mais nous savons que si nous ne faisons rien ils vont augmenter pour tout le monde", a commenté le chef du groupe républicain au Sénat, Mitch McConnell, qui a négocié pendant 11 heures avec le vice-président Joe Biden.

L'entrée en vigueur de la réduction de 109 milliards de dollars du budget de la défense et de projets de politique intérieure, prévue le 2 janvier, est repoussée de deux mois.

APPEL D'OBAMA

L'accord élargit l'assurance chômage de longue durée à deux millions de personnes pendant une année et exempte les foyers de la classe moyenne d'une hausse de leur contribution en rendant permanente une disposition fiscale qui arrivait à expiration.

Plusieurs élus se sont félicités du fait que les marchés financiers étaient fermés en ce jour du Nouvel An mais certains s'inquiètent déjà.

Si les représentants devaient ne pas approuver l'accord dans les prochains jours, cela pourrait affoler les marchés à un moment où l'économie américaine se remet de la crise de 2008/2009.

"Si nous ne faisons rien, la menace d'une récession sera bien réelle. Adopter cet accord ne signifie pas que les négociations cessent, loin de là. Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il reste du travail à accomplir", a dit Harry Reid, leader de la majorité démocrate à la chambre haute.

De son côté, Barack Obama a appelé la chambre basse à adopter l'accord sans délai après le vote favorable du Sénat.

Le président américain a reconnu que des efforts supplémentaires devront être accomplis pour réduire le déficit public américain.

Il a toutefois précisé que l'accord obtenu in extremis va dans ce sens en prévoyant des coupes dans les dépenses et une hausse des recettes par l'imposition des foyers les plus aisés.

"Bien que ni les démocrates, ni les républicains n'ont obtenu ce qu'ils souhaitaient, cet accord est la chose qu'il convient de faire pour le bien de notre pays et la Chambre (des représentants) devrait l'adopter sans délai", a commenté Obama dans un communiqué.

"Des efforts supplémentaires doivent être faits pour réduire nos déficits et j'entends les accomplir. Mais l'accord de ce soir, en allant de l'avant, nous assure de continuer à réduire le déficit grâce à la combinaison de nouvelles coupes dans les dépenses et de nouveaux revenus provenant des Américains les plus fortunés", a-t-il ajouté.

"Gardez présent à l'esprit que le mois dernier, les républicains du Congrès affirmaient qu'ils ne voteraient jamais une hausse des impôts des plus riches. A l'évidence, l'accord qui est actuellement en discussion va augmenter ce taux d'imposition et il va le faire d'une manière permanente", a commenté Obama avant l'approbation du Sénat.

Le ton et les mots employés par Obama ont eu l'heur d'agacer certains élus républicains qui y ont vu une forme de jubilation de la part du chef de l'Etat.

Richard Cowan et David Lawder; Pierre Sérisier pour le service français

par David Lawder et Richard Cowan