par Robert Hetz et Giuseppe Fonte

Malgré une accalmie sur les marchés, l'inquiétude restait toutefois de mise, au point que les Etats-Unis ont dépêché un représentant du département du Trésor pour discuter de la crise avec les Européens.

La sous-secrétaire du département du Trésor chargée des Affaires internationales Lael Brainard doit se rendre à Madrid, Berlin et Paris cette semaine afin de discuter des "développements économiques en Europe" et du "programme commun en vue d'une croissance forte et durable", a indiqué le département du Trésor mardi soir dans un bref communiqué.

Le commissaire aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn a par ailleurs assuré que la Commission européenne travaille de manière étroite avec le Portugal et l'Espagne sur d'importantes réformes structurelles.

"Dans l'ensemble, ces mesures pourraient fournir une base solide à la poursuite des actions de stabilisation de la BCE, qui ont joué un rôle clé afin d'assurer la stabilité financière de la zone euro, par exemple en mai dernier", a-t-il dit.

La BCE avait annoncé dans la nuit du 9 au 10 mai son intention de racheter des obligations de la zone euro sur le marché secondaire, contribuant largement à rassurer les marchés.

PROPOS RASSURANTS

La France et l'Allemagne ont multiplié les déclarations d'apaisement. Le ministre allemand de l'Economie, Rainer Brüderle, a ainsi jugé que l'Espagne et l'Italie n'auraient pas besoin de solliciter le mécanisme européen de sauvetage (), tandis que son homologue française Christine Lagarde estimait que le Portugal et l'Espagne prenaient les mesures nécessaires pour redresser leurs finances.

"Je me réjouis en tout cas du rôle extrêmement actif à nos côtés que joue la BCE", a ajouté Christine Lagarde lors d'une conférence de presse.

"En matière économique et financière en tout cas, les Européens (...) sont évidement solidaires, déterminés et engagés à défendre leur monnaie et leur zone monétaire" a-t-elle également souligné.

Le chef du mécanisme d'aide européen Klaus Regling s'est lui aussi voulu rassurant. "On peut penser, et on le lit parfois, que l'Europe est en proie au chaos, qu'elle se désintègre et que l'euro est sur le point de disparaître. C'est faux."

Des secrétaires d'Etat des Finances du G20 se sont en outre réunis par téléconférence lundi pour faire le point sur la crise, ont indiqué à Reuters des sources internes au G20, même s'il ne s'agissait là que d'une réunion de routine.

Mais ces propos n'empêchent pas les marchés de rester depuis plusieurs jours sur la défensive, toujours hantés par le spectre d'une contagion aux autres pays de la zone euro.

Le Portugal est ainsi considéré comme le prochain sur la liste des renfloués, après la Grèce et l'Irlande, ce qui accentue la pression sur l'Espagne, dont l'économie est très dépendante de celle de son voisin.

Dans une note diffusée cette semaine, l'économiste de Citigroup Willem Buiter estime que les difficultés de la zone euro pourraient être "le premier acte" d'une crise mondiale de la dette souveraine qui atteindrait les Etats-Unis et le Japon.

APAISEMENT MOMENTANÉ

Les écarts de rendements des dettes souveraines espagnole et italienne par rapport au rendement du Bund allemand se sont toutefois réduits mercredi après avoir atteint leur plus hait niveau la veille, les investisseurs anticipant de nouvelles mesures anti-crise de la BCE.

L'euro affichait des gains à 1,3061 vers 16h15 GMT après avoir touché la veille un plus bas de dix semaines.

Le secteur bancaire européen s'est repris, les titres Banco Santander et BBVA clôturant en hausse de plus de 7%, saluant les nouvelles mesures d'austérité annoncées par le gouvernement espagnol.

Les adjudications de dette portugaise et allemande ont toutefois souffert du climat d'incertitude. Le coût de l'emprunt du Portugal a grimpé lors de l'adjudication de 500 milliards de dette à 12 mois et la demande de dette Allemande n'a jamais été aussi faible depuis plus de six mois.

Signe que les inquiétudes demeurent, le cours de l'once d'or a atteint des niveaux records, avec un taux spot à 1.386,25 dollar à 16h15 GMT, contre 1.384,94 dollar la veille.

Le cours de l'or en euro a atteint un plus haut historique à 1.070,11, tout comme celui en livres sterling, à 895,05 livres.

Avec Kevin Lim à Singapour et Jan Harvey à Londres, Gregory Schwartz et Catherine Monin pour le service français, édité par Nicolas Delame