par Simon Rabinovitch

Bien que le conseiller d'Etat Dai Bingguo n'ait jamais fait référence explicitement à la devise américaine, son discours était sans équivoque.

Devant le président américain Barack Obama et les dirigeants japonais, britanniques et européens, il a plaidé pour une diversification du système international de changes et pour une plus grande stabilité des taux de change entre les principales monnaies mondiales.

La volonté de la Chine de faire évoluer le système actuel avait déjà été exprimée par la Banque centrale chinoise mais jamais encore un dirigeant politique de haut rang n'y avait fait référence dans un discours.

"Nous devrions avoir un meilleur système pour l'émission et la régulation des monnaies de réserve de façon à ce que nous puissions maintenir une relative stabilité des taux de change des principales devises de réserve et encourager un système international de monnaies de réserve diversifié et rationalisé", a dit Dai Bingguo d'après un communiqué lu par un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Zhaoxu.

Dai Bingguo assistait à la réunion des huit pays industrialisés du G8 et des principales puissances émergentes du G5 à la place du président Hu Jintao qui est rentré dans son pays en raison des troubles dans la province du Xinjiang.

LE PROJET DE COMMUNIQUÉ MUET SUR LA QUESTION

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a assuré que les propos du conseiller d'Etat étaient fidèles aux opinions du président Jintao.

Dans son discours, Dai n'a pas évoqué les Droits de tirage spéciaux (DTS) émis par le Fonds monétaire international et présentés par certains responsables chinois comme une alternative au dollar comme principale monnaie de réserve.

La banque centrale chinoise avait créé l'émoi en mars lorsqu'elle avait pour la première fois émis l'idée que les DTS, un panier de devises composé de dollars, d'euros, de livres sterling et de yens, étaient davantage adaptés que n'importe quelle autre monnaie nationale pour servir de point d'ancrage au commerce international.

La question des monnaies de réserve n'est pas mentionnée dans la déclaration publiée à l'issue de la réunion du G8 et du G5 qui réunit le Brésil, l'Inde, la Chine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Egypte. Le texte lance seulement un appel en faveur de la stabilité du système financier international.

La remise en cause du statut du dollar est un sujet sensible y compris pour Pékin qui détient selon les estimations 70% de ses 1.950 milliards de dollars de réserves de changes en billets verts. A ce titre, les autorités chinoises se sont refusé à toute déclaration susceptible de faire baisser la valeur de la devise américaine.

Version française Gwénaelle Barzic