par Richard Valdmanis

SEVARE, Mali, 27 janvier (Reuters) - Dans un camp de réfugiés de Sévaré dans le centre du Mali, des réfugiés se pressaient samedi soir tout excités autour de radios grésillantes après l'annonce de la prise de Gao par les forces françaises et maliennes, bastion des islamistes.

"J'ai très envie de rentrer à la maison", déclare Amadou Maiga, 19 ans, qui a quitté Gao il y a trois mois après l'incendie de son école par les rebelles qui contrôlent la ville. Ceux-ci avaient déclaré qu'elle était contraire à l'islam. Les camarades d'école d'Amadou ont été recrutés par les rebelles comme cuisiniers ou enfants soldats.

"Aujourd'hui, nous avons vraiment de l'espoir", ajoute le jeune homme.

Dans le camp, des hommes sirotent leur thé et discutent des dernières nouvelles. Dans l'air flottent des odeurs de cuisson. Des enfants jouent dans la poussière. Un enfant dort dans une boîte en carton.

La rapidité de l'avance française en cette troisième semaine d'intervention au Mali suggère que les troupes françaises et maliennes ont l'intention de progresser franchement dans le nord du Mali dans les prochains jours pour atteindre les deux autres fiefs islamistes du Nord, Tombouctou et Kidal.

"Nous voulons qu'ils libèrent toutes les régions du nord de façon à pouvoir rentrer chez vous", déclare Nan Touré, 45 ans. Cette ancienne vendeuse de rue de Tombouctou raconte que son fils, accusé de vol par les islamistes, a eu la main coupée.

Plus de 370.000 personnes ont dû fuir leur maison en raison des combats, dont 150.000 ont quitté le Mali. Les autres ont gagné d'autres parties du pays, selon la Commission des droits de l'homme de l'Union européenne.

Le camp de Sévaré, une cour d'école transformée en abri par l'association humanitaire américaine Catholic Relief Services, compte un demi-millier de personnes. La plupart des gens viennent des environs de Gao et Tombouctou, les deux plus grandes ville du nord du pays.

Un total de 3.700 militaires français, dont 2.500 sur le territoire malien, sont aujourd'hui engagés dans l'opération Serval.

"Nous sommes reconnaissants aux Français de nous aider. Mes enfants ne devraient pas grandir ici", commente Agaichatou Cissé, 25 ans, vendeuse de rue de Gossi, assise à l'intérieur d'une tente blanche où elle vit depuis huit mois avec ses quatre enfants. (Danielle Rouquié pour le service français)