par Clara Ferreira Marques et Martin Howell

Dans son premier discours sur l'état de l'Union prononcé mercredi soir à Washington, Barack Obama a choisi de mettre en avant la lutte contre le chômage et a réaffirmé sa volonté de réformer le système de santé américain.

Critiquant une nouvelle fois les "mauvais comportements" de Wall Street, qu'il accuse d'avoir provoqué la crise, Barack Obama a appelé le Congrès à adopter de nouvelles lois sur la régulation financière en dépit des efforts de lobbying du secteur.

A Davos, Howard Lutnick, directeur général de la banque d'investissement Cantor Fitzgerald, a déclaré à Reuters que le président des Etats-Unis s'engageait dans "une bataille populiste contre les banques".

"C'est facile de s'en prendre aux banques quand on n'arrive pas à progresser sur la santé", a-t-il ajouté.

Barack Obama avait inquiété les marchés le 21 janvier en prononçant un discours très offensif sur la régulation financière, menaçant d'obliger les banques de dépôt à rompre les liens avec les "hedge funds" et le capital-investissement ou à cesser les opérations financières pour compte propre.

Il avait auparavant annoncé la création d'une taxe spécifique sur les banques pour combler les pertes creusées par les aides publiques au secteur.

Dans son discours de mercredi, il a déclaré: "Ça ne m'intéresse pas de punir les banques, ce qui m'intéresse, c'est de protéger notre économie."

"TOUT CE QUI TOUCHE À LA RÉGULATION EST PRÉOCCUPANT"

Interrogé sur les projets de la Maison blanche, Howard Lutnick a répondu: "Comme tout ce qui touche à la régulation, c'est préoccupant parce qu'on ne sait pas s'il ne s'agit pas d'un char qui tire dans toutes les directions."

"C'est simple: c'est très populaire de taper sur les banques, mais cela revient à ignorer que les banques sont le principal moteur de l'économie, qu'elles apportent des liquidités et des financements pour que les gens puissent faire croître leur activité, et si l'on passe son temps à les embêter, elles vont être handicapées", a-t-il ajouté.

John Studzinski, responsable du comité de conseil du groupe de capital-investissement Blackstone, a pour sa part mis en doute la capacité de Barack Obama à transcrire dans la loi ses propositions.

"Le diable est dans les détails", a-t-il dit à Reuters. "Nous n'avons pour l'instant eu vent d'aucun détail. La mise en application joue un rôle important dans l'affaire."

"Le marché est sans doute soulagé de constater qu'il n'a pas lancé une nouvelle attaque nucléaire contre Wall Street", a-t-il ajouté.

"La diatribe contre Wall Street va continuer mais au bout du compte, si cela fait de bons titres dans la presse, je ne suis pas sûr que l'Américain moyen se préoccupe de Wall Street: il se préoccupe de son propre emploi et de sa propre dignité."

Avec Krista Hughes, Natsuko Waki, Ben Hirschler et Paul Taylor, version française Marc Angrand, édité par Dominique Rodriguez