BRUXELLES, 7 janvier (Reuters) - L'Allemagne court le risque de voir certains de ses grands groupes industriels quitter le pays si elle ne les protège pas contre le coût de la transition énergétique, a déclaré mardi son ministre de l'Economie, Sigmar Gabriel, tout en réaffirmant son soutien au développement des énergies renouvelables.

Le mois dernier, la Commission européenne a annoncé son intention d'enquêter sur la gestion par Berlin des aides et des exonérations fiscales accordées aux grands industriels pour alléger leur contribution au financement de la transition énergétique.

Cette décision a ravivé les craintes d'une augmentation des prix de l'énergie pour les industriels, mais aussi les inquiétudes des écologistes et des défenseurs de l'environnement, qui estiment qu'elle pourrait remettre en cause la détermination de l'Allemagne à réduire sa dépendance aux énergies fossiles.

"Nous devons faire en sorte, en Allemagne, que les industries à forte consommation d'énergie restent épargnés par la loi EEG", la loi allemande sur les énergies renouvelables, a dit Sigmar Gabriel à la presse lors d'un déplacement à Bruxelles, où il devait rencontrer des membres de la Commission européenne.

"Toute autre solution reviendrait à désindustrialiser l'Allemagne. Ce n'est pas une exagération. L'Europe n'a aucun intérêt à pénaliser l'industrie allemande."

La Commission estime que les exonérations dont bénéficient des milliers d'entreprises allemandes sur les contributions financières au développement des énergies renouvelables pénalisent les consommateurs qui n'en bénéficient pas.

L'Allemagne admet la nécessité d'une réforme de ce dispositif fiscal et tarifaire mais elle ajoute que son industrie doit être protégée, notamment au moment où les entreprises américaines bénéficient de la chute des prix de l'énergie liée à l'essor spectaculaire du gaz de schiste aux Etats-Unis. (Tom Körkemeier; Marc Angrand pour le service français)