(Bilan actualisé, précisions)

* Attaques israéliennes aériennes et navales contre Gaza

* Onze civils tués dans un bombardement, dit le Hamas

* Obama juge "préférable" d'éviter une intervention au sol

* L'Egypte travaille à une trêve

par Nidal al-Mughrabi et Jeffrey Heller

GAZA/JERUSALEM, 18 novembre (Reuters) - La marine et l'aviation israéliennes ont poursuivi dimanche leurs bombardements de la bande de Gaza pour la cinquième journée consécutive, avant une éventuelle intervention terrestre, sans parvenir à faire cesser les tirs de roquettes palestiniennes sur l'Etat hébreu.

Des tractations sont en cours pour tenter d'aboutir à une trêve mais ces efforts diplomatiques ne semblent pas devoir aboutir rapidement.

S'exprimant sur la situation pour la première fois en public depuis le début de la campagne de bombardements aériens sur Gaza mercredi, Barack Obama a dit soutenir "pleinement le droit d'Israël à assurer sa propre défense". Le président américain a cependant jugé "préférable" d'éviter une invasion terrestre.

Dans des scènes rappelant l'opération "Plomb durci" de l'hiver 2008-2009, Israël masse toutefois des chars, des pièces d'artillerie et des unités d'infanterie près de la frontière avec Gaza, territoire contrôlé par les islamistes du Hamas.

Benjamin Netanyahu a averti dimanche qu'Israël était prêt à étendre son offensive destinée à mettre fin aux tirs de roquettes palestiniennes sur son territoire.

"Nous faisons payer un lourd tribut au Hamas et aux organisations terroristes et les Forces de défense israéliennes sont prêtes à étendre leurs opérations de façon significative," a dit le chef du gouvernement israélien lors d'un conseil des ministres, sans fournir de plus amples détails.

Depuis mercredi, jour où Israël a tué le chef militaire du Hamas, les raids israéliens ont fait côté palestinien 72 morts, dont 21 enfants et plusieurs femmes, ainsi que des centaines de blessés, selon un bilan fourni par les autorités palestiniennes.

TEL AVIV VISÉE PAR LE HAMAS

Au moins onze civils, dont quatre femmes et quatre enfants, ont péri dimanche lorsqu'un missile israélien s'est abattu sur un immeuble résidentiel, a accusé le Hamas. Il s'agit du bombardement le plus meurtrier depuis mercredi.

"Le massacre de la famille Dalu ne restera pas impuni", a réagi la branche armée du Hamas dans un communiqué.

L'armée israélienne a précisé que la cible de cette attaque était Yihia Abayah, un responsable militaire du Hamas chargé des tirs de roquettes sur l'Etat hébreu. Un porte-parole de Tsahal a dit ne pas savoir si Abayah avait été atteint mais a reconnu des pertes civiles.

Selon Tsahal, 544 roquettes en provenance de Gaza se sont abattues depuis mercredi en Israël, où elles ont fait trois morts et plusieurs dizaines de blessés. Trois cent deux ont été interceptées par la défense antiaérienne et 99 n'ont pas atteint le territoire israélien et se sont abattues à l'intérieur de la bande de Gaza.

Certains de ces projectiles ont été tirés en direction de Tel Aviv et de Jérusalem, cibles bien plus éloignées que les localités du sud d'Israël régulièrement visées par les activistes palestiniens.

L'aviation israélienne a aussi bombardé dimanche deux bâtiments abritant des centres de presse à Gaza, blessant huit journalistes.

D'après la version de Tsahal, il s'agissait d'attaques ciblées contre du matériel de communication du Hamas installé sur le toit de ces immeubles. L'armée israélienne a également accusé le mouvement islamiste de se servir de journalistes comme des "boucliers humains" pour protéger ses installations.

Habituelle médiatrice entre Israël et le Hamas, l'Egypte s'emploie à arracher une trêve aux deux camps. Une délégation israélienne s'est rendue au Caire, selon les médias israéliens.

Le président égyptien Mohamed Morsi a rencontré le chef politique du Hamas, Khaled Méchaal, et celui du Djihad islamique, Ramadan Challah. Un proche de Méchaal, Izzat Richek, a dit que le Hamas accepterait un cessez-le-feu "si Israël met fin à son agression et à sa politique d'assassinats ciblés et lève le blocus de Gaza".

CONDITIONS

Interrogé à la radio israélienne sur des discussions en cours au Caire, Silvan Shalom, l'un des vice-Premiers ministres de Benjamin Netanyahu, a répondu: "Il y a des contacts mais ils sont actuellement loin d'être finis."

Moshe Yaalon, autre adjoint du chef du gouvernement, a dressé sur Twitter la liste des conditions israéliennes à un cessez-le-feu: "Si le calme prévaut dans le Sud, si le peuple israélien n'est la cible d'aucun tir de missile ou de roquette, ni d'attentat terroriste préparé dans la bande de Gaza, nous n'attaquerons pas."

Barack Obama a dit être en contacts réguliers avec les dirigeants égyptiens et turcs pour s'assurer de leurs efforts en vue d'une trêve. "Nous allons voir les progrès que nous pouvons accomplir au cours des prochaines 24, 36, 48 heures", a dit le président américain.

En visite au Caire, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'est prononcé pour un "cessez-le-feu synchronisé" et a appelé à la levée du blocus israélien de la bande de Gaza.

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elarabi, et un groupe de ministres arabes des Affaires étrangères se rendront mardi à Gaza pour manifester leur solidarité à l'égard des Palestiniens. Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, se joindra à cette délégation.

L'Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas a demandé dimanche la convocation d'urgence d'un sommet de la Ligue arabe en réponse à "l'agression" israélienne. Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, rencontrera pour sa part Mohamed Morsi lundi au Caire.

En visite en Israël, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a offert l'aide de la France dans la quête d'un cessez-le-feu. "Les deux mots d'ordre ce soir, c'est urgence et cessez-le-feu", a-t-il dit. (Jean-Philippe Lefief, Jean-Loup Fiévet, Bertrand Boucey et Guy Kerivel pour le service français)