* Le bureau d'Haniyeh bombardé à Gaza

* Multiples signes d'une probable intervention terrestre

* Réservistes rappelés

* Une roquette palestinienne détruite au-dessus de Tel Aviv

* La Tunisie dénonce l'"agression" israélienne (Nouveau tir sur Tel Aviv, batterie antiaérienne, Obama, précisions)

par Nidal al-Mughrabi et Jeffrey Heller

GAZA/JERUSALEM, 17 novembre (Reuters) - L'aviation israélienne a bombardé samedi des bâtiments gouvernementaux du Hamas à Gaza, notamment les bureaux du Premier ministre Ismaël Haniyeh, tandis que les islamistes palestiniens poursuivaient leurs tirs de roquettes sur l'Etat hébreu.

Vendredi soir, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a autorisé le rappel si nécessaire de 75.000 réservistes, signe supplémentaire d'une possible intervention terrestre dans l'enclave côtière palestinienne, près de laquelle troupes et blindés de Tsahal sont massés. Jusqu'ici, 16.000 réservistes ont été rappelés.

Autre signe de préparation d'une intervention au sol, l'armée israélienne a annoncé que l'autoroute menant à la bande de Gaza et deux routes qui longent le territoire où vivent 1,7 million de Palestiniens allaient être fermées aux véhicules civils.

En décembre 2008 et janvier 2009, Israël a mené une offensive de trois semaines à Gaza, l'opération "Plomb durci" qui a fait 1.400 morts parmi les Palestiniens et treize chez les Israéliens.

Samedi après-midi, une roquette palestinienne a été détruite en vol au-dessus des faubourgs sud de Tel Aviv, la capitale commerciale israélienne. (Voir: )

Depuis jeudi, quatre roquettes ont été tirées de Gaza vers Tel Aviv - deux jeudi, dont une est tombée en mer et l'autre s'est écrasée dans un secteur inhabité des faubourgs de la ville; une vendredi, qui s'est aussi abîmée en mer; et la dernière samedi, détruite par une batterie du système antiaérien "Dôme de fer" déployée seulement quelques heures auparavant.

Une autre roquette a atteint samedi matin un immeuble d'Ashdod, ville côtière dans le sud de l'Etat hébreu, faisant selon la police cinq blessés.

41 MORTS DEPUIS MERCREDI CÔTÉ PALESTINIEN

A Gaza, le Hamas a annoncé que des appareils israéliens avaient bombardé le bâtiment abritant les bureaux d'Ismaël Haniyeh, qui y avait reçu la veille le Premier ministre égyptien Hicham Kandil, ainsi qu'un QG de la police.

L'armée israélienne a dit avoir également visé le siège du "ministère de l'Intérieur" du Hamas.

Un immeuble de trois étages appartenant à Abou Hassan Salah, autre dirigeant du Hamas, a été complètement détruit et les secouristes palestiniens disent avoir retiré une trentaine de personnes des décombres.

Selon un bilan fourni par les autorités de Gaza, 41 Palestiniens, pour près de la moitié des civils, ont été tués depuis le lancement de l'offensive israélienne "Pilier de défense", mercredi. Parmi les morts figurent huit enfants et une femme enceinte.

Côté israélien, trois civils ont été tués jeudi par une roquette à Kiryat Malachi, à 25 km au nord de Gaza.

Malgré la poursuite des violences, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem, s'est rendu samedi à Gaza et a jugé l'offensive israélienne inacceptable et contraire au droit international.

"Israël doit prendre conscience qu'il ne peut plus agir librement. Il ne jouit plus d'une immunité totale et il n'est pas au-dessus du droit international", a-t-il déclaré devant les décombres des bureaux d'Ismaël Haniyeh. (Voir:

Le printemps arabe a porté des islamistes au pouvoir aussi bien en Tunisie qu'en Egypte, premier pays à avoir conclu la paix avec Israël en 1979.

Le président américain Barack Obama, qui est en route pour une tournée de trois jours en Asie, a appelé vendredi le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan pour rechercher avec lui un moyen d'enrayer l'escalade militaire entre Israël et le Hamas.

Il s'est aussi entretenu avec le chef du gouvernement israélien et avec le président égyptien, tandis que le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, discutait avec son homologue israélien, Ehud Barak.

CONTACTS DIPLOMATIQUES

Les Etats-Unis "veulent la même chose que les Israéliens", c'est-à-dire la fin des tirs de roquettes palestiniennes, mais sont partisans de la diplomatie et de l'apaisement, a dit Ben Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison blanche.

Au Caire, le président égyptien Mohamed Morsi devait s'entretenir avec l'émir du Qatar, le Premier ministre turc et le chef du file du Hamas, Khaled Méchaal.

Le chef du gouvernement turc, arrivé samedi en Egypte, s'est montré très critique à l'égard d'Israël, tandis que l'émir du Qatar est devenu en octobre le premier chef d'Etat à se rendre dans la bande de Gaza depuis que le Hamas s'en est emparé en juin 2007. (Voir: )

Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, réunis dans la capitale égyptienne, devaient étudier dans la journée un projet de déclaration prévoyant l'envoi à Gaza d'une délégation conduite par le secrétaire général de l'organisation, Nabil Elarabi, et appuyant les efforts de l'Egypte en vue d'obtenir une trêve.

Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'Onu, a exhorté l'Etat hébreu et le Hamas à cesser leur "dangereuse escalade" dans la bande de Gaza et se rendra en Israël et en Egypte la semaine prochaine pour tenter de contribuer à l'instauration d'une trêve.

Vendredi, pour la première fois depuis plus de quarante ans, une roquette palestinienne s'est abattue près de Jérusalem, à 70 km de la bande de Gaza. (Danielle Rouquié, Bertrand Boucey et Guy Kerivel pour le service français)