* "La victoire est dans vos mains", dit Aubry aux militants

* Valls met en garde contre l'ivresse du "c'est déjà gagné"

* Sarkozy et l'extrême droite dans le viseur du PS

par Elizabeth Pineau

LE BOURGET, Seine-Saint-Denis, 22 janvier (Reuters) - Sur le mode "Notre victoire est dans vos mains", les ténors du PS ont mobilisé dimanche les troupes socialistes appelées à animer sur le terrain les campagnes menant vers les élections présidentielle et législatives du printemps.

A quelques heures du premier grand discours du candidat François Hollande, Martine Aubry, Manuel Valls, Harlem Désir ou encore Pierre Moscovici ont invité quelque 2.000 secrétaires de section à être, dans les trois mois qui viennent, les acteurs d'un virage à gauche espéré depuis 24 ans.

"Notre victoire, la victoire de François Hollande est dans vos mains", a déclaré Martine Aubry à la tribune dressée dans un hall du parc des expositions du Bourget, près de Paris.

"Je le sais, nous allons gagner et le 6 mai la France aura un nouveau président, alors bonne campagne mes camarades !", a-t-elle conclu sous les applaudissements d'une foule debout.

La première secrétaire du PS, qui devrait débattre avec le Premier ministre François Fillon le 2 février prochain sur France 2, a consacré une grande partie de son allocution à dénoncer le bilan de Nicolas Sarkozy.

"Personne ne pense qu'il va reboucher à la petite cuiller en 90 jours ce qu'il a creusé à la pelle pendant cinq ans", a-t-elle lancé, fustigeant comme d'autres avant elle les "snipers" de la droite accusés de vouloir "enlaidir cette campagne".

"Ils se placent au ras du caniveau alors que les Français attendent des propositions", a-t-elle dit. "C'est l'honneur de la gauche de répondre à l'offense et l'injure par la raison".

Avant elle, le député-maire d'Evry, Manuel Valls, mettait en garde contre "l'ivresse du 'c'est déjà gagné'", alors que François Hollande est en tête dans les sondages.

"Il n'y a pas d'élection imperdable. Nous ne voulons pas revivre les expériences du passé", a-t-il dit en référence au 21 avril 2002, qui avait vu le candidat socialiste, Lionel Jospin, éliminé au profit de celui du Front national, Jean-Marie Le Pen.

SUR LE TERRAIN

Ce jour-là, le résultat "s'est joué à deux voix par bureau de vote", a fait observer le "M. communication" de François Hollande, soulignant "l'importance du porte à porte".

Pour ce faire, la campagne devra s'inspirer de celle du président américain Barack Obama, a dit le directeur de campagne du candidat PS, Pierre Moscovici.

"La campagne, ce n'est pas seulement dans les médias, pas seulement sur les réseaux sociaux, mais sur le terrain", a dit l'ancien ministre des Affaires européennes.

Face à la montée de l'extrême droite et de l'abstentionnisme dans les classes populaires, "le mot 'ouvrier' ne sera pas un gros mot, ce sera un beau mot" au PS, a-t-il dit.

"La campagne c'est d'abord un candidat mais ce n'est pas un homme seul, c'est une force (...) c'est le Parti socialiste, c'est vous, c'est nous. Le changement, c'est maintenant, ensemble", a conclu celui qui se disait en début de journée sur Twitter "confiant, à l'aube d'un jour important pour la gauche".

Dans la salle, les directeurs de section se sont dits mobilisés. "On a l'expérience de la primaire, on est dans la même dynamique", a dit à Reuters Dominique Testuz, militante du Val-de-Marne.

Pour son collègue Hervé Joab, responsable d'une section voisine, "il faut faire une campagne de premier tour, c'est-à-dire aller chercher chaque électeur, convaincre les 5, 6, 7% qui feront pencher la balance au final".

Vincent Feltesse, chargé de la campagne numérique, a expliqué que le parti cherchait à lever trois millions d'euros en plus des trois millions récoltés lors de la primaire d'octobre 2011 et passer de 700.000 à trois millions d'adresses internet.

Quelque 10.000 "mobilisateurs" seront appelés à encadrer les 150.000 "volontaires du changement" que le PS espère impliquer dans la campagne d'ici le mois de mai.

A l'entrée du hall, gadgets et matériel de campagne étaient proposés à la vente : des boules à neige et des préservatifs estampillés PS, des T-shirts "What would Jaurès do ?" ("Que ferait Jaurès ?"), "François Hollande 2012" ou à l'effigie de François Mitterrand. (Elizabeth Pineau, édité par Gérard Bon)