LE BOURGET, Seine-Saint-Denis, 22 janvier (Reuters) - Voici les propositions économiques et financières de François Hollande, candidat socialiste à l'élection présidentielle en France, qui a prononcé dimanche au Bourget (Seine-Saint-Denis) son premier grand discours de campagne.

Il présentera l'ensemble de ses priorités jeudi lors d'une conférence de presse.

PRIORITÉS

- Réduire le déficit public à 3% du PIB fin 2013, comme l'a promis le gouvernement, et revenir à l'équilibre en 2017.

- Mener après 2013 une politique de soutien à la croissance économique, notamment par une fiscalité favorisant l'investissement et l'emploi.

- Mettre en oeuvre le programme présidentiel au fil du quinquennat, au rythme permis par la conjoncture économique.

- Tout faire pour retrouver la note "triple A" donnée par les agences de notation.

FINANCES PUBLIQUES

- Réaliser un effort budgétaire supplémentaire d'environ 50 milliards d'euros sur 2012-2013 pour ramener le déficit à 3%.

- Cet effort pourrait porter pour un tiers sur les dépenses et deux tiers sur les recettes, peut-être à moitié-moitié.

- Contrôle strict de l'évolution des dépenses publiques.

- L'accent sera mis sur le redressement des comptes de santé, avec un objectif de progression des dépenses d'assurance maladie nettement inférieur aux 2,5% par an prévu par le gouvernement, en mettant notamment les consultations médicales à contribution.

FONCTION PUBLIQUE

- Le nombre de fonctionnaires n'augmentera pas, les 60.000 emplois supplémentaires prévus dans l'Education nationale étant compensés par des départs en retraite ailleurs. Le rythme pourrait monter en puissance au fil du quinquennat.

SYNDICATS

- Inscrire le dialogue social dans la Constitution pour qu'aucun projet ou proposition de loi sur les sujets sociaux n'arrive au Parlement sans une concertation préalable avec les partenaires sociaux.

FISCALITÉ

- Prévisions d'évolution de la fiscalité décrites pour les trois prochaines années dans les lois de programmation.

- Réforme fiscale au lendemain de la présidentielle, avec harmonisation des niveaux de prélèvement sur le capital et le travail, rapprochement de l'impôt sur le revenu et de la Contribution sociale généralisée (CSG), modulation du taux de l'impôt sur les sociétés pour favoriser les PME et les ETI.

- Porter la tranche supérieure d'imposition à 45% de l'impôt sur le revenu pour ceux qui touchent plus de 150.000 euros par an.

- Suppression du "paquet fiscal" voté en 2007, dont la défiscalisation des heures supplémentaires.

- Modification du "quotient familial" qui profite à tous les parents imposables, même les plus riches, pour le rendre "plus juste".

- Moduler le niveau des cotisations chômage selon le contrat de travail (plus élevé pour les CDD et l'intérim que pour les CDI).

ENTREPRISES ET EMPLOI

- "Contrat de génération" pour favoriser l'embauche de jeunes en CDI par les entreprises qui s'engagent à conserver un salarié âgé, à travers une baisse des charges sociales. Cette mesure, estimée à huit milliards d'euros par l'Institut de l'entreprise, un think tank indépendant, serait financée par réaffectation d'exonérations et de réductions de cotisations.

- Création de 150.000 "emplois d'avenir", qui figure dans le projet socialiste pour 2012, qui sera ciblée sur les jeunes de certains quartiers défavorisés.

- Supprimer les aides publiques aux entreprises ne respectant pas l'égalité salariale entre hommes et femmes.

RETRAITE

- Autoriser à nouveau le départ en retraite à 60 ans des personnes ayant commencé à travailler à 18 ans et cotisé suffisamment pour toucher une pension à taux plein.

Environ 150.000 personnes seraient concernées, pour un coût évalué par l'institut Montaigne à un milliard d'euros la première année.

- Les autres aspects du sujet - pénibilité, décote - feront l'objet de négociations avec les partenaires sociaux au début du quinquennat.

POLITIQUE MONÉTAIRE - Pas de monétisation des dettes publiques par la Banque centrale européenne mais des achats ciblés et limités de dettes de pays de la zone euro en difficulté, à condition qu'ils respectent strictement la discipline budgétaire. - Création d'euro-obligations, ce qui passera nécessairement par un durcissement de la gouvernance européenne en matière budgétaire.

CONSTRUCTION EUROPÉENNE

- Renégociation du traité à 26 visant à sauver la zone euro en insistant sur la croissance, plutôt que sur la seule austérité.

- Prévoir un rôle plus actif pour la Banque centrale européenne et instaurer "sans délai" une taxe sur les transactions financières.

- Création d'un "serpent fiscal européen".

- Création d'un Trésor unique pour la zone euro ou commun à plusieurs pays de l'euro.

BANQUES

- Séparation des activités de banques d'affaires et de dépôt pour protéger les épargnants d'une crise systémique. Cette séparation n'implique par la scission des banques, elle pourrait se faire en érigeant des "murailles de Chine".

- Interdiction pour les banques françaises de travailler avec un pays abritant un paradis fiscal ou avec un établissement installé dans un paradis fiscal.

- Interdiction pour les banques françaises de travailler avec des fonds spéculatifs (hedge funds) opérant hors des marchés organisés.

FINANCE

- N'autoriser les produits financiers dérivés que pour la seule couverture des besoins réels des agents économiques.

- Création d'une liste noire des fonds spéculatifs (hedge funds) et interdiction pour les banques françaises de traiter avec eux.

- Création d'une taxe sur les transactions financières "le plus vite possible", avec "trois ou quatre pays, d'abord en Europe".

- Création d'une agence publique de notation

COMMERCE INTERNATIONAL

- Accroître les obligations réglementaires environnementales et sociales pour rééquilibrer les conditions de la concurrence avec des pays ne respectant pas ces normes. Création éventuelle de taxes liées à ces paramètres au niveau européen.

INDUSTRIE

- Création d'une Banque publique d'investissement pour le développement des entreprises.

- Création d'un Livret industrie, afin d'affecter l'épargne aux entreprises innovantes.

ENERGIE

- Faire passer la part de l'électricité nucléaire en France de 75% à 50% à l'horizon 2025 et encourager les énergies renouvelables tout en maîtrisant la consommation.

- Fermer la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), doyenne des centrales nucléaires françaises.

- Achever le chantier de l'EPR de Flamanville (Manche).

LOGEMENT

- Faire passer de 20 à 25% le quota de logements sociaux construits dans les communes de plus de 3.500 habitants.

- Multiplier par cinq les sanctions contre les communes ne respectant pas cette règle.

- Mettre les terrains de l'Etat à la disposition des collectivités locales pour construire des logements dans un délai de cinq ans.

- Instaurer un système de plafonnement des loyers "dans les zones tendues" et un mécanisme de garantie des loyers via des organismes intermédiaires entre le bailleur et le locataire.

- Augmenter le plafond du Livret A.

AUTRES

- Baisser de 30% les indemintés du président et des membres du gouvernement. (Service France, édité par Yves Clarisse)