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L'affirmation que l'année 2010 sera celle des défis, pour le développement de la participation et pour le rôle déterminant des actionnaires salariés dans le dialogue social, peut paraître incongrue aux hommes politiques et au haut management des entreprises françaises, même en cette période de grave crise économique, sociale et culturelle.
Ils sont convaincus que tout va bien : les textes de loi définissant les différents plans d'application de l'intéressement, de la participation, de l'abondement, de l'attribution d'actions gratuites, de la valorisation de l'épargne salariale … sont suffisants ; les salariés ont troqué leur motivation d'actionnaires contre le statut confortable d'épargnants s'enrichissant en toute sécurité ; les actionnaires salariés ont accepté sans se plaindre de renoncer à l'exercice individuel de leur droit de vote  et de légitime contrôle de la bonne gouvernance de leur entreprise.

Ils sont persuadés que les critiques formulées par les actionnaires sinistrés par la crise, à l'égard des rémunérations indécentes des mandataires sociaux et de  cadres dirigeants, déconnectées des réalités sociales et de la performance réelle de l'entreprise, sont des « petits bruits », des feux de paille sans lendemain. Pour preuve, le texte de la loi Houillon a été fortement amendé ; on continue comme avant la crise.
Ils légitiment les plans sociaux, les réductions des budgets de R&D, de formation, de gestion des ressources humaines, par la crise globale, les effets pervers de la mondialisation, par la nécessité de réaliser des gains de productivité pour rebondir « après la crise », par le besoin de s'attacher les actionnaires de plus en plus versatiles en augmentant la part du résultat distribué en dividende au détriment de la juste rémunération des salariés, indexée sur « la croissance zéro » ! Quelle myopie et quel gâchis !

Le monde a changé brutalement sous l'effet de cette crise aux multiples facettes. La valorisation et l'optimisation des ressources humaines sont devenues la clef de voûte du développement des entreprises performantes, innovantes et durablement profitables.

Nous entrons dans une phase de profonde mutation, de sélection draconienne des entreprises performantes, ayant la taille critique pour conquérir ce vaste marché unique européen de 543 millions d'habitants, une phase aussi de renouvellement sévère des équipes dirigeantes au cours de cette année 2010, l'année de tous les dangers au plan social.

2010 sera l'année des défis en terme de dialogue social, de motivation des personnels autour d'un vrai projet d'entreprise, d'encouragement des innovations, de l'initiative et de la responsabilité individuelle, de la maîtrise des risques à tous les niveaux et de veille technologique. Ecoute et dialogue social, un défi auquel peu de dirigeants sont préparés. Comment y parvenir pour préparer la pérennité et la compétitivité de l'entreprise dans cette période de turbulences :

- 1° en respectant l'esprit de la participation, c'est-à-dire en associant les actionnaires salariés aux résultats, mais aussi à l'élaboration de la stratégie et à la gestion des risques de l'entreprise ; en leur témoignant la même attention que celle accordée aux autres actionnaires ; en effet si la fidélisation des actionnaires est devenue un problème pour sécuriser les ressources en capital et l'accès aux marchés financiers, l'adhésion des actionnaires salariés à un ambitieux projet d'entreprise s'impose comme le plus sûr moyen de conserver une avance technologique sur la concurrence, d'être compétitif par la production de produits et de services toujours plus innovants, d'être combatif et  durablement performant en maîtrisant  les différents risques. Durant l'année 2010, les conditions de réalisation ou de rejet d'une OPA seront des tests de la cohésion sociale et de l'adhésion  des salariés à un projet d'entreprise.

- 2° en reconnaissant que les actionnaires salariés sont devenus des interlocuteurs indispensables dans le dialogue social ; selon mes convictions et mon expérience d'1/4 de siècle au service de la participation gaulliste, les actionnaires salariés ont une double mission :
° d'abord la responsabilité de participer à l'AG annuelle, de définir la stratégie, d'apprécier les résultats obtenus et le travail des administrateurs, d'exercer le légitime contrôle de la bonne gouvernance comme tout actionnaire ;
°  puis au cours de l'année, la responsabilité de contrôler la mise en œuvre de la stratégie définie par le CA et débattue en AG ; ils ont le devoir, en cas de nécessité, d'utiliser la procédure du « whistle-blowing », définie par le code de gouvernance de l'OCDE.

Ne vous y trompez pas, l'année 2010 est l'année de tous les dangers au plan social et des défis à relever. Des rapports discrets mais alarmants prévoient des tensions sociales fortes dans les pays industrialisés, les BRIC et les PIG, les dragons d'Asie du Sud Est et les pays émergents.
Ne soyons pas aveugles, mais anticipons les risques à venir en privilégiant le dialogue social et la concertation avec cette « force tranquille et fidèle », l'actionnariat salarié, en restaurant dans notre Groupe la primauté du facteur humain sur les priorités économiques et financières.

- 18 Janvier 2010 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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