Leur publication, prévue jeudi en fin de journée, devait coïncider avec la grande journée de mobilisation interprofessionnelle organisée à l'appel des syndicats. Elle a finalement été reportée en raison d'un mouvement de protestation des agents des services statistiques publics contre leur délocalisation annoncée à Metz, en Lorraine, et aucune date n'a encore été communiquée.

En novembre, le nombre de demandeurs d'emplois inscrits à l'ANPE en catégorie 1 - c'est-à-dire à la recherche d'un emploi à temps plein et à durée indéterminée - avait bondi de 64.000 à 2.068.500, soit une hausse de 3,2% par rapport à octobre et de 8,5% sur un an.

Le nombre de chômeurs avait repassé en octobre la barre symbolique des deux millions, pour la première fois depuis avril 2007. Sur les 11 premiers mois de l'année, 171.200 demandeurs d'emplois sont venus grossir les rangs de l'ANPE et le total de l'année risque de franchir les 200.000 compte tenu du rythme des réductions d'effectifs des derniers mois.

PLUS FORTE HAUSSE DEPUIS 1993

Le chômage restait sur cinq années de baisse en France, le nombre de demandeurs d'emplois chutant encore de 194.800 en 2007 après une baisse de 230.000 en 2006.

Fort de cet élan, Nicolas Sarkozy s'était fait élire en mai 2007 à la présidence de la République en promettant le plein emploi à l'horizon de son quinquennat. C'était sans voir venir la crise économique et ses conséquences sur l'emploi.

En 2002, dernière année de hausse du chômage, le nombre de demandeurs d'emploi avait augmenté de 104.000. Le chiffre de 2008 sera le plus élevé depuis la crise de 1993, année qui avait vu leur nombre augmenter de 246.100.

Les chiffres de l'emploi publiés mensuellement par le gouvernement ne comprennent pas d'indication du taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT), lequel est publié par l'Insee sur une base trimestrielle.

Le taux de chômage au sens du BIT a augmenté de 0,1 point à 7,3% en France métropolitaine au troisième trimestre et atteint 7,7% en incluant les départements d'outre-mer, selon des données provisoires publiées le 4 décembre par l'Insee et qui marquaient la première hausse depuis le début 2006.

Les chiffres du quatrième trimestre seront publiés le 5 mars.

2009 SUR LA MÊME LIGNE ?

2009 ne s'annonce pas meilleur, malgré les mesures prises par le gouvernement pour endiguer le mouvement.

Dans sa note de conjoncture publiée en décembre, l'Insee prévoit un taux de chômage à 8,0% à la fin juin, qui effacerait l'amélioration des deux dernières années.

"Il ne faut pas se faire d'illusion, la montée du chômage est quelque chose qui va se poursuivre tout au long de l'année," confirme Bruno Cavalier, économiste chez Oddo. "Bien au-delà de la fin de la récession", ajoute Laurent Bilke (Nomura) qui, comme nombre d'économistes, voit celle-ci durer jusqu'en juin.

La dernière enquête de Markit auprès des directeurs d'achat montre que l'emploi a continué de reculer dans les entreprises françaises en janvier, pour le huitième mois consécutif, et à un rythme record. De plus, les réductions d'emplois qui ont d'abord concerné l'intérim, variable d'ajustement des entreprises, passent maintenant par des licenciements.

Face à cette dégradation, le gouvernement a annoncé des mesures d'accompagnement pour les chômeurs (chômage partiel, contrats de transition professionnelle) en plus de ses mesures de soutien sectoriel dont il espère un effet protecteur pour l'emploi.

Il entend aussi faciliter le retour à l'emploi avec la fusion de l'ANPE et des Assedic au sein de Pôle Emploi et la réforme souhaitée de la formation professionnelle.

Mais son message est brouillé par la contestation autour de la nouvelle convention d'assurance chômage censée modifier les règles d'indemnisation des demandeurs d'emploi, et contre laquelle la CGT a décidé mercredi d'exercer son droit d'opposition.

Et c'est bien insuffisant pour l'opposition qui réclame un plan de relance plus ambitieux que celui de 26 milliards d'euros annoncé par Nicolas Sarkozy le 4 décembre.

La France n'est évidemment pas seule dans son cas. En Allemagne, le chômage a augmenté en décembre pour la première fois depuis février 2006, avec un taux de chômage à 7,6%.

En Espagne, le taux de chômage a doublé à 13,9% au quatrième trimestre pour atteindre un plus haut depuis neuf ans, comme c'est également le cas au Royaume-Uni.

Véronique Tison