NANCY, 31 janvier (Reuters) - Un médecin vosgien accusé d'avoir violé neuf de ses patientes après les avoir droguées a été condamné mardi à 15 ans de réclusion criminelle par la Cour d'assises de la Meurthe-et-Moselle, qui le jugeait en appel à Nancy.

L'avocat général avait réclamé la peine maximale, 20 ans, à l'encontre de ce généraliste de 56 ans, reconnu coupable de viols aggravés une première fois par la Cour d'assises des Vosges, qui l'avait déjà condamné à 15 ans de prison en juin 2010.

Joël Capobianco, qui comparaissait libre, comme lors du premier procès, a clamé de bout en bout son innocence.

"Vous êtes en présence d'une situation où toutes les circonstances sont réunies pour commettre un crime parfait", avait lancé dans la matinée, l'avocat général, Jacques Santarelli, à l'adresse des jurés.

Le magistrat faisait allusion à l'hypno-sédation, une technique controversée associant hypnose et injection d'un sédatif, que le docteur Capobianco utilisait pour des actes de petite chirurgie dermatologique ou pour soigner des dépressions.

Mais là où le médecin de Dommartin-lès-Remiremont injectait 5 à 6 milligrammes de valium en intraveineuse à ses patientes, la bonne pratique eut voulu qu'il se limitât à deux ou trois milligrammes, ont estimé des experts.

"Des doses telles conduisaient inéluctablement au sommeil", a tonné Jacques Santarelli.

Ce mode opératoire, principal élément à charge du dossier, constituait également sa faiblesse pour les avocats de la défense qui ont réduit les accusations à des "hallucinations".

"Les benzodiazépines peuvent induire des fantasmes sexuels chez les femmes", a appuyé Me Jean-Marc Florand, en référence à "des dizaines de pages" publiées sur le sujet dans la presse médicale internationale.

Les dépositions des victimes, fondées sur des situations vécues au réveil, où certaines s'étaient retrouvées nues, se résumaient à des images, des sensations ou des impressions sans qu'aucune preuve ne puisse étayer les accusations de pénétrations anales, vaginales et autre fellation.

La plupart d'entre elles, parmi lesquelles deux étaient mineures, ont continué à consulter. Les faits, commis entre 1998 et 2002, n'ont donné lieu à une première plainte qu'en 2005, la révélation des trois premières dans la presse appelant la dénonciation des suivantes.

Sur les quatorze victimes présumées du médecin, trois lui ont valu un non-lieu au niveau de l'instruction tandis qu'il était acquitté pour deux autres en première instance à Epinal.

Me Arnaud Brultet, autre avocat de la défense, a réveillé le souvenir d'Outreau, affaire de pédophilie où des accusations jugées crédibles par les experts ont envoyé en prison 14 personnes finalement innocentées, pour mettre en garde les jurés contre une erreur judiciaire.

Restait la personnalité de l'accusé, homme marié mais infidèle, adepte de l'échangisme qu'une de ses maîtresses soupçonne de l'avoir également droguée pour assouvir ses fantasmes.

Il avait été, par deux fois déjà, condamné pour des infractions à caractère sexuel.

(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)