WASHINGTON, 3 novembre (Reuters) - Le collège électoral américain est conçu dans la Constitution comme un compromis entre la désignation d'un président par un vote du Congrès et son élection par le vote populaire des citoyens.

Voici quelques précisions sur le fonctionnement de ce dispositif :

-Le collège électoral, qui ne désigne pas un lieu mais un processus, consiste en 538 grands électeurs. Pour gagner l'élection présidentielle, un candidat doit recueillir les votes d'au moins 270 grands électeurs.

-Le nombre de grands électeurs équivaut au nombre de sièges du Congrès - 435 pour la Chambre des représentants et 100 pour le Sénat, plus trois pour le district de Columbia. Pour chaque Etat, le nombre de grands électeurs du collège électoral est le même que son nombre de représentants à la Chambre, plus un pour chacun de ses deux sénateurs.

-La plupart des Etats fonctionnent sur le principe du "gagnant qui rafle toute la mise" pour attribuer les grands électeurs : le candidat à la présidentielle qui gagne le vote populaire dans l'Etat remporte tous les grands électeurs de l'Etat. Le Maine et le Nebraska fonctionnent néanmoins suivant une variation de la "représentation proportionnelle" qui peut entraîner une division de leurs électeurs entre les deux candidats.

-Les détracteurs du collège électoral estiment qu'il ne remplit pas son but originel car un candidat peut perdre le vote populaire effectué à l'échelle national et gagner toutefois l'élection en remportant la bonne combinaison d'Etats. C'est ce qui s'est produit récemment lors de l'élection présidentielle controversée de l'année 2000 où le démocrate Al Gore a obtenu le plus de voix, ce qui n'a pas empêché le républicain George W. Bush de gagner le scrutin. Les républicains Rutherford B. Hayes en 1876 et Benjamin Harrison en 1888 ont également gagné au sein du collège électoral même s'ils avaient perdu le vote populaire.

-Aucune exigence constitutionnelle n'oblige les grands électeurs à voter en fonction des résultats du vote populaire, même si certains Etats l'exigent.

-Les grands électeurs se réunissent dans leurs Etats respectifs en décembre et votent pour le président et le vice-président.

-Si aucun candidat n'obtient 270 voix, l'élection se tient à la Chambre des représentants, chaque Etat y disposant d'une voix. C'est ainsi qu'ont été élus Thomas Jefferson en 1800 et John Quincy Adams en 1824.

Dans ce cas, le Sénat élit le vice-président, chaque sénateur disposant d'une voix, ce qui augmente la possibilité d'avoir un président et un vice-président issus de deux partis différents.

-Les Etats qui pèsent le plus lourd au sein du collège électoral sont la Californie, avec 55 grands électeurs, le Texas, qui en compte 38, et enfin New York et la Floride qui disposent chacun de 29 grands électeurs. La Californie et New York sont considérés comme des Etats résolument démocrates, le Texas comme un Etat résolument républicain et la Floride comme un champ de bataille qui peut pencher d'un côté comme de l'autre.

-Parmi les autres Etats charnières ("swing States")importants cette année, l'Ohio dispose de 18 grands électeurs, la Virginie de 13, le Wisconsin de 10, le Colorado de 9, le Nevada et l'Iowa de 6 chacun et le New Hampshire de 4.

-Ce système explique pourquoi les candidats ont tendance à dépenser beaucoup de temps et d'argent pour s'assurer du soutien des Etats pivots. Cela signifie également que ce qui peut apparaître comme une course au coude à coude dans les sondages d'opinion à l'échelle nationale peut s'avérer beaucoup moins serré si l'on considère les choses Etat par Etat.

Sources : National Archives and Records Administration (NARA)

(Jim Loney et Peter Cooney; Juliette Rabat pour le service français)