par Padraic Halpin et Michael Winfrey

De sources au sein de l'Union européenne, on indiquait que des pourparlers étaient en cours sur un possible plan de sauvetage de l'Irlande et que Dublin envisageait de demander une aide pour son secteur bancaire. Cette option serait moins risquée politiquement que de demander une aide pour l'Etat.

Vitor Constancio, gouverneur de la banque centrale portugaise jusqu'en juin, a souligné qu'il appartenait aux autorités irlandaises de décider de solliciter l'aide de l'UE si nécessaire mais que pour l'heure aucune demande officielle n'avait été faite. Il a ajouté qu'il apporterait son soutien à une éventuelle sollicitation irlandaise.

"Le problème vient également des banques, qui sont au centre des difficultés", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Vienne.

Dimanche, les autorités irlandaises ont fait savoir qu'elles n'écartaient pas de solliciter une aide européenne.

Selon le journal Irish Independent, le ministre des Finances Brian Lenihan pourrait demander mardi à ses homologues de la zone euro s'il serait possible d'aider des banques auxquelles il a déjà promis 50 milliards d'euros.

L'Eurogroupe se réunit mardi à Bruxelles, avant un conseil Ecofin mercredi.

Les tensions se sont un peu apaisées lundi sur le marché des dérivés de crédit dans l'anticipation d'une aide à Dublin. Le coût d'assurance contre un défaut de l'Irlande a baissé de 20 points de base, selon Markit qui suit ce marché.

LA BANQUE D'ESPAGNE S'IMPATIENTE

Vitor Constancio a précisé qu'en cas de demande d'aide, Dublin devrait en appeler au mécanisme européen de stabilisation financière, les autorités européennes n'ayant pas le pouvoir de financer directement le secteurs bancaire.

"Les problèmes du secteur bancaire irlandais, comme nous l'avons vu, ne sont pas seulement des problèmes de liquidité mais aussi dans certains cas des problèmes de fonds propres pour absorber les pertes et, pour ça, la Facilité européenne serait adéquate", a-t-il dit. "Mais elle ne peut pas prêter directement aux banques; elle prête aux Etats, et ensuite les Etats peuvent utiliser l'argent à cette fin, comme cela s'est fait en Grèce."

L'opposition irlandaise considère quant à elle un sauvetage européen comme imminent.

"Je pense que l'aide européenne est en cours", a déclaré le porte-parole du Fine Gael pour les questions financières, Michael Noonan. "Je pense que le gouvernement irlandais mène un combat d'arrière-garde pour sauver les apparences, mais il y a demain à Bruxelles une réunion des ministres des Finances de la zone euro, et le jour suivant une réunion de l'Ecofin."

"Je pense que les choses vont se concrétiser dans les 24 heures", a ajouté ce représentant de l'opposition, estimant qu'un sauvetage empêcherait l'Irlande de se financer sur le marché pendant trois à quatre ans.

L'incertitude qui entoure la situation irlandaise pèse sur les marchés, a déploré pour sa part le gouverneur de la Banque d'Espagne, Miguel Angel Fernandez Ordonez.

"Nous attendons à une réaction appropriée de la part des autorités irlandaises (...) pour calmer les marchés et apaiser les inquiétudes infondées", a-t-il dit en marge d'une conférence sur le secteur bancaire à Madrid.

"La situation sur les marchés a été négative en partie par l'absence de décision de l'Irlande. Ce n'est pas à moi de prendre une décision concernant l'Irlande, c'est à l'Irlande de prendre la décision au bon moment."

Gregory Schwartz pour le service français, édité par Dominique Rodriguez