* Un troisième procès à Rennes

* Maurice Agnelet bénéficie d'une libération immédiate

* Il n'a pas été innocenté, insiste l'avocat des Le Roux (Actualisé avec détails, citations)

PARIS, 31 janvier (Reuters) - Condamné en 2007 à 20 ans de prison pour le meurtre d'Agnès Le Roux, Maurice Agnelet sera de nouveau jugé lors d'un troisième procès qui se tiendra devant la Cour d'assises de Rennes, a décidé jeudi la Commission de révision de la Cour de cassation.

Elle a par ailleurs ordonné sa remise en liberté immédiate, assortie d'une obligation de répondre aux convocations d'un juge d'application des peines, et de le prévenir de tout déplacement à l'étranger.

Depuis sa condamnation, Maurice Agnelet était incarcéré au centre de détention de Mauzac, en Dordogne.

Âgé de 74 ans, il a fait condamner début janvier la France pour procédure inéquitable devant la Cour européenne des droits de l'homme. Après cette décision, son avocat avait saisi la commission de révision de la Cour de cassation, un recours rendu possible par la loi Guigou du 15 juin 2000.

"C'est une excellente décision", s'est réjoui son avocat, Me François Saint-Pierre.

"Ce troisième procès, nous allons l'aborder avec une détermination totale pour obtenir de la justice qu'elle acquitte définitivement Maurice Agnelet de ce crime qu'il n'a pas commis", a-t-il ajouté.

"IL N'A PAS ÉTÉ INNOCENTÉ"

Autorisé à sortir de prison dès ce jeudi soir, Maurice Agnelet devrait toutefois attendre que son avocat vienne le chercher, vendredi en milieu de journée, a-t-il indiqué.

Plusieurs membres de la famille d'Agnès Le Roux, héritière d'un grand casino niçois, étaient présents jeudi à l'audience.

Patricia Le Roux, sa soeur, était visiblement très émue après l'annonce de la décision de la Commission. "Mettez-vous à ma place", a-t-elle dit à la presse, demandant à ce qu'on la "laisse en paix". "C'est déjà très dur."

L'avocat de la famille, Me Hervé Temime, avait déclaré plus tôt que cette affaire était "un calvaire pour eux".

"Nous y ferons face", a-t-il ajouté, disant espérer que le troisième procès soit programmé rapidement. "Aujourd'hui, Maurice Agnelet a gagné le droit à un nouveau procès, mais il n'a pas du tout été innocenté", a-t-il toutefois insisté.

AGNELET A TOUJOURS NIÉ

Cette affaire reste mystérieuse, 35 ans après les faits, la victime présumée n'ayant jamais été retrouvée.

Maurice Agnelet avait d'abord bénéficié d'un non-lieu, puis d'un acquittement prononcé en 2006 à Nice, avant d'être condamné en appel en 2007 à 20 ans de prison à Aix-en-Provence.

Un pourvoi en cassation avait été rejeté en 2008 et, en septembre dernier, la justice avait refusé une demande de révision du procès, jusqu'à l'arrêt, le 10 janvier, de la Cour européenne. Cet arrêt sanctionnait l'absence de motivation du verdict rendu en appel, jugeant qu'elle n'avait pas permis à Maurice Agnelet de comprendre les raisons de sa condamnation.

Maurice Agnelet a toujours nié l'assassinat de son ancienne maîtresse, qui a disparu en 1977, et dont il avait d'abord été l'avocat dans le cadre d'une procédure de divorce.

La cour d'assises d'Aix-en-Provence a conclu qu'il avait tué Agnès Le Roux après avoir obtenu qu'elle cède ses parts dans le Palais de la Méditerranée, l'un des plus grands casinos de Nice, à Jean-Dominique Fratoni, propriétaire d'un casino rival et figure présumée du milieu niçois.

Il est établi que Maurice Agnelet s'est approprié l'argent placé en Suisse par Agnès Le Roux après la vente de ses parts dans le casino, soit trois millions de francs (457.000 euros). Il a été condamné pour cet aspect des faits et a purgé une courte peine de prison dans les années 1980. (Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)