Madrid (awp/afp) - La banque centrale espagnole a annoncé vendredi qu'elle tablait sur une croissance de 2,7% en 2016, très légèrement inférieure à ses prévisions initiales (2,8%), non sans avertir au passage des risques pesant sur l'économie en lien avec l'incertitude politique.

Selon les prévisions trimestrielles de la banque, "le PIB croîtrait à hauteur de 2,7% suivant un profil légèrement en baisse au fil de l'année et à hauteur de 2,3% en 2017", indique-t-elle dans un rapport faisant état d'un léger ralentissement de l'économie après la croissance de 3,2% en 2015.

"Les doutes sur l'orientation future des politiques économiques pourraient avoir un impact négatif sur l'engagement de dépenses des agents privés, en particulier si l'incertitude politique se prolonge", prévient par ailleurs la banque.

La situation politique de l'Espagne est bloquée depuis les élections législatives du 20 décembre, qui ont débouché sur le morcellement du parlement entre quatre formations n'arrivant pas à s'accorder pour former un nouveau gouvernement.

La droite au pouvoir depuis 2011 l'a emporté mais sans majorité absolue et les autres partis, notamment de gauche (socialistes et Podemos, de gauche radicale) n'ont pas réussi à s'accorder pour former une majorité alternative.

La banque défend indirectement dans ce rapport la politique du gouvernement conservateur en plaidant pour la poursuite des efforts en matière de réduction du déficit, "essentielle pour maintenir la croissance" et l'application de réformes structurelles.

La faiblesse des cours du pétrole, la politique monétaire expansive et la reprise des exportations et du marché de l'emploi soutiennent par ailleurs la prévision pour 2016, note-t-elle.

La révision à la baisse de la croissance s'explique notamment, selon la banque, par la révision de la croissance mondiale, l'appréciation de l'euro et la baisse des cotisations boursières.

La banque s'attend à la bonne tenue de la consommation, moteur de la croissance.

"La création d'emplois se poursuivra à un rythme élevé", dit-elle aussi.

Le chômage, principale préoccupation des Espagnols, restera cependant légèrement au-dessus de 18% en 2017.

Ses prévisions sont publiées au lendemain de la diffusion de données sur le déficit public de l'Espagne, représentant en 2015 5,16% du PIB, un des taux les plus élevés en Europe.

Ainsi, l'économie espagnole vit-elle un paradoxe avec l'un des taux de croissance les plus forts de l'UE en 2015 (3,2%), mais aussi un déficit et une dette très élevés, s'expliquant en partie par les mauvais comptes de la Sécurité sociale, plombés par un chômage dépassant 20%.

afp/rp