* Le Premier ministre en Nouvelle-Calédonie

* Cérémonies en souvenir de la tragédie de la grotte d'Ouvéa

* L'archipel poursuit le processus de réconciliation

PARIS, 22 juillet (Reuters) - Jean-Marc Ayrault se rend de vendredi à dimanche en Nouvelle-Calédonie, où il célébrera les 25 ans des accords de Matignon de 1988 qui ramenèrent le calme après plusieurs années de quasi guerre civile dans cet archipel français du bout du monde.

Le Premier ministre se rendra sur l'île d'Ouvéa, théâtre d'une tuerie liée aux tensions passées entre indépendantistes kanaks et loyalistes pro-français.

Le 5 mai 1988, trois jours avant le second tour de l'élection présidentielle, l'armée avait donné l'assaut à une grotte d'Ouvéa où des Kanaks retenaient en otage 27 gendarmes. L'opération s'est soldée par la mort de 19 indépendantistes, quatre gendarmes et deux parachutistes.

Un an jour pour jour après cette tuerie, le 5 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou, président du FLNKS, et son lieutenant Yeiwéné Yeiwéné ont été assassinés par un indépendantiste radical lors d'une cérémonie à Ouvéa.

Jean-Marc Ayrault présidera samedi plusieurs cérémonies du souvenir silencieuses, en présence des autorités locales.

"C'est la première fois qu'une haute personnalité, président de la République ou Premier ministre, se rend sur place depuis ces événements", explique-t-on dans son entourage. "Ce n'est possible que parce qu'on est dans la période de réconciliation."

La tuerie d'Ouvéa a précipité la recherche d'un plan de paix qui a débouché, le 26 juin 1988, sur la signature des accords de Matignon sous la houlette du Premier ministre Michel Rocard.

USINE DE NICKEL

Ces accords ont conduit à transférer à la Nouvelle-Calédonie toute une série de compétences, l'Etat français ne conservant que les fonctions régaliennes.

Le territoire a été divisé en trois provinces : Sud, Nord et Îles Loyauté. Les prochaines élections provinciales visant à élire les membres des assemblées de provinces et du Congrès sont prévues en mai 2014, deux mois après les élections municipales.

La Nouvelle-Calédonie doit définir ses relations avec la France par référendum d'ici 2019.

L'ancien président Nicolas Sarkozy s'était prononcé à titre personnel en faveur d'un maintien de l'archipel dans le giron de la République.

Jean-Marc Ayrault a pour sa part pris le parti de la neutralité dans ce dossier.

"L'Etat est impartial et neutre et respecte l'esprit et la lettre de l'accord de Nouméa", avait déclaré le Premier ministre en décembre dernier à l'issue d'une réunion du Comité des signataires de l'accord de Nouméa.

Lors de son séjour le week-end prochain, le chef du gouvernement visitera l'Usine du Nord de Koniambo, qui a produit ses premières coulées de nickel en mars dernier.

Plus d'un millier d'emplois ont été créés dans cette usine dont l'objectif est de permettre un rééquilibrage économique au profit des populations de la province du nord. (Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)