(Actualisé avec bilan et détails des heurts §2, 9, 11)

LE CAIRE, 22 juillet (Reuters) - La famille de l'ancien président Mohamed Morsi a annoncé lundi son intention de porter plainte contre l'armée égyptienne, qu'elle accuse d'avoir enlevé le chef de l'Etat déchu.

De nouvelles violences ont parallèlement éclaté au Caire entre partisans et adversaires du président islamiste, faisant un mort et 21 blessés selon les services médicaux.

Mohamed Morsi n'a plus été vu en public depuis sa destitution le 3 juillet. L'armée affirme qu'il est détenu dans un lieu tenu secret pour sa propre sécurité.

L'Union européenne a appelé lundi à la libération du chef de l'Etat déchu et à l'organisation "d'élections démocratiques dans les plus brefs délais".

Fils du président islamiste, Oussama Morsi, dont la famille effectuait sa première apparition depuis le 3 juillet, a annoncé que des plaintes allaient être déposées "en Egypte et au niveau international", contre Abdel Fattah al Sissi, commandant en chef de l'armée et ministre de la Défense.

"Il n'y a aucune base juridique ou constitutionnelle (...) permettant de détenir pour sa propre sécurité un individu qui n'est accusé d'aucun crime", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse.

Les Frères musulmans, confrérie dont est issu Mohamed Morsi, accusent l'armée d'avoir commis un coup d'Etat, et jugent illégitime le gouvernement de transition formé par Hazem el Beblaoui, et dans lequel Abdel Fattah al Sissi a été nommé vice-Premier ministre.

"DES VOYOUS, DES DEUX CÔTÉS"

Une centaine de personnes sont mortes dans les violences qui ont suivi la destitution du président élu un an plus tôt. Au Caire lundi, les pro et anti-Morsi se sont de nouveau affrontés aux abords de la place Tahrir dans les pires violences survenues dans la capitale depuis le 16 juillet.

Des tâches de sang et du verre brisé jonchaient les trottoirs à l'endroit où se sont opposés les deux camps. Une vingtaine de "fauteurs de troubles" ont été arrêtés, rapporte l'agence de presse Mena.

"Ce sont des voyous, des deux côtés", a déclaré Ahmed Sabri, un marchand de glaces observant de loin les échauffourées. "Ils ne représentent pas l'Egypte, ils ne sont là que pour se battre."

Selon des témoins, des centaines de jeunes se sont affrontés lorsque les partisans de Morsi ont tenté d'investir la place Tahrir, certains faisant usage de carabines et de pistolets à plomb.

Les partisans de Mohamed Morsi sont rassemblés nuit et jour dans le nord-est du Caire depuis trois semaines et promettent de rester jusqu'au rétablissement dans ses fonctions du président déchu.

La famille et les Frères musulmans disent n'avoir eu aucun contact avec Mohamed Morsi depuis sa destitution. Ils ignorent son état de santé et pensent qu'il n'a pas pu avoir accès à un avocat.

Le parquet égyptien a annoncé le 13 juillet l'ouverture d'une enquête criminelle à son encontre pour espionnage et incitation à la violence. Aucune inculpation n'a été à ce jour prononcée.

Des sources judiciaires ont démenti lundi un article du journal Al Ahram selon qui le procureur d'Egypte avait ordonné l'arrestation de Mohamed Morsi pendant 15 jours le temps de l'enquête. Le rédacteur en chef du journal a été convoqué par le bureau du procureur à propos de "cette fausse information".

Gamal Abdel Salem, un médecin présent lors de la conférence de presse de la famille Morsi, a précisé que l'ex-président souffrait de diabète et qu'un syndicat de médecins avait demandé à pouvoir l'examiner.

L'ONG Human Rights Watch a de son côté jugé que l'armée n'avait pas le droit de détenir Mohamed Morsi plus de 48 heures, en l'absence d'ordre du parquet. "L'arrestation (de Morsi) et de certains de ses conseillers est complètement illégale", a estimé Heba Morayef, directrice de HRW en Egypte. (Maggie Fick, Tom Finn; Julien Dury et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)