Paris (awp/afp) - Les investisseurs sont bien plus enthousiastes mardi vis-à-vis de l'Europe et de l'Allemagne, qui pourraient adopter un plan d'investissements massifs, qu'envers Wall Street, qui devrait ouvrir en légère baisse.

Vers 12h15, Paris gagnait 0,51%, Londres 0,36% et Milan 1,03%.

Francfort progressait de 1,22% et a battu, à 23'476 points, son record en séance qui datait du début du mois.

Aux Etats-Unis, les marchés font grise mine et les contrats à terme laissaient présager d'une ouverture en légère baisse.

Les principaux indices américains avaient essuyé d'importantes pertes la semaine précédente, plombés par des craintes sur l'impact de certaines mesures économiques de Donald Trump, notamment celles concernant les droits de douane.

Ces menaces font fuir "les investisseurs qui retirent leurs avoirs de la Bourse américaine pour des contrées plus amicales", estime Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.

Pour John Plassard, spécialiste de l'investissement pour Mirabaud, les investisseurs "observent avec une anxiété croissante l'escalade de la guerre tarifaire de Donald Trump et l'augmentation des licenciements dans l'administration fédérale."

La publication lundi d'un indicateur sur le niveau de consommation des Américains n'a pas beaucoup rassuré non plus.

Les ventes au détail aux Etats-Unis en février sont ressorties en dessous des attentes des analystes, ce qui pourrait être un signe d'un ralentissement de la première économie mondiale.

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a d'ailleurs revu à la baisse les perspectives de croissance de nombreux pays pour 2025, dont les Etats-Unis.

La banque centrale américaine, la Fed, annoncera mercredi sa décision sur l'actualisation des taux directeurs américains.

Des taux directeurs à un niveau élevé, comme c'est le cas actuellement, permettent de lutter contre l'inflation, mais cela se fait au détriment de la croissance économique.

Les investisseurs s'attendent à ce que la Fed maintienne les taux inchangés, mais les "signes de tension sont évidents", estime John Plassard.

"Les pressions inflationnistes obligeront-elles la Fed à maintenir les taux à un niveau élevé ? Ou bien un ralentissement de la croissance et une hausse du chômage la pousseront-ils à réduire ses taux ?", s'interroge-t-il.

Tout commentaire sur ces questions de la part du président de la Fed, Jerome Powell, sera donc scruté avec attention par les marchés.

Sur le marché des changes, le dollar ne suscite pas d'appétit et est stable, "la seule chose qui pourrait raviver l'appétit pour le dollar serait un signal explicite de la Fed indiquant qu'elle serait prête à intervenir si la croissance économique était sérieusement menacée", estime Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.

L'euro gagnait lui 0,11% vers 11H10 GMT, à 1,0934 dollar pour un euro.

Les marchés européens sont largement plus optimistes, et ont les yeux rivés sur l'Allemagne, dont les députés vont se prononcer mardi sur le plan d'investissements géants de Friedrich Merz.

C'est un tournant majeur pour le pays qui veut dépenser sans compter pour se réarmer en réaction à la "guerre contre l'Europe" de Poutine, a déclaré Merz.

Le probable futur chancelier s'apprête à enterrer le dogme de l'orthodoxie budgétaire dont il a toujours été un fervent défenseur.

"Avec l'accord conclu vendredi entre la CDU/CSU, le SPD et les Verts, l'essentiel du risque" que le plan ne soit pas voté "a été écarté", soulignent des analystes de Deutsche Bank. "Toutefois, il subsiste des sources mineures d'incertitude, allant de la possibilité de députés qui font dissidence à l'absence d'une majorité de deux-tiers à la chambre haute vendredi".

"Les marchés s'attendent à ce que les dépenses supplémentaires favorisent les entreprises européennes", explique Kathleen Brooks, de XTB.

Vers 08H25 GMT, le taux d'intérêt de l'emprunt à dix ans allemand se portait à 2,84%, contre 2,81% la veille à la clôture.

L'automobile en forme, portée par BYD

L'action du géant chinois des véhicules électriques BYD a décollé mardi matin à la Bourse de Hong Kong (+4,10% à la clôture), après que le groupe a dévoilé la veille son système de charge capable de recharger une voiture électrique en très peu de temps.

D'autres acteurs de l'automobile profitaient de cette annonce.

A Paris, Renault gagnait 2,30% vers 11H00 GMT et Stellantis 1,70%, quand la holding Porsche SE, actionnaire majoritaire de Volkswagen gagnait 1,70% à Francfort et Volvo 1,96% à Stockholm.

Les équipementiers en profitaient également à Paris, Forvia prenant 3,34% et Valeo 2,67%.

L'or continue de battre des records

L'incertitude persistante sur la guerre douanière lancée par le président américain Donald Trump favorise également l'or, valeur refuge par excellence, dont la stabilité rassure les investisseurs.

Vers 11H10 GMT, le métal jaune se hissait à un nouveau record historique, à 3.023 dollars l'once.

"La tempête est loin d'être terminée, et avec la prochaine escalade (des droits de douane) qui se profile, le marché oscille entre optimisme et prise de conscience (des dangers à venir)", avertit Stephen Innes, de SPI Asset Management.

Le pétrole tiré par les tensions au Yémen

Le cours du pétrole restait soutenu par les tensions croissantes en mer Rouge, entre frappes des Etats-Unis au Yémen et riposte des rebelles houthis, les opérateurs craignant un élargissement du conflit dans la région et des perturbations des approvisionnements de brut.

Vers 12h10, le prix du baril de WTI américain gagnait 1,31% à 68,47 dollars et celui de Brent de la mer du Nord 1,23% à 71,95 dollars.

Le bitcoin étaient en baisse de 2,4% mardi, à 82'704 dollars. Depuis le début de l'année, il a perdu près de 14%.

bur-max/fmp/nth