Zurich (awp) - La Bourse suisse évoluait toujours dans le rouge jeudi à l'approche de la mi-journée, à l'instar de ses homologues européennes et dans le sillage des places américaine et asiatique. Déstabilisés par l'annonce de Washington de taxer désormais également les voitures fabriquées hors des Etats-Unis de 25% de droits de douane supplémentaires, les investisseurs sont fébriles à l'approche de leur mise en oeuvre prévue le 2 avril.

"Cela semble montrer, pour ceux qui en doutaient encore, que Donald Trump met à exécution ses menaces et ne bluffe plus", relève John Plassard de Mirabaud Banque. "En taxant les voitures, Trump souffle sur les braises d'une guerre commerciale mondiale", craint Thomas Gitzel, chef économiste chez VP Bank, rappelant que près de la moitié des véhicules vendus aux Etats-Unis sont importés et que pour les pièces détachées la part atteint 60%.

L'annonce de la Maison Blanche a pris les marchés de court. Wall Street a clôturé dans le rouge, tandis qu'à Tokyo, les titres des géants automobiles japonais, Toyota en tête, mais aussi Mitsubishi, Honda et Nissan ont dégringolé, tout comme l'action Hyundai à Séoul, lestant les indices des deux places asiatiques. Même dégringolade sur les marchés en Europe, où les constructeurs allemands ont dénoncé un "signal fatal" et leurs homologues britanniques ont appelé à un accord.

"Le sentiment baissier sur les actions américaines s'étend maintenant aux actions européennes. Les dépenses publiques massives étant déjà intégrées dans les prix, les investisseurs sont confrontés à la vérité crue des tumultueuses politiques tarifaires", pointe Ipek Ozkardeskaya chez Swissquote. "L'incertitude est le mot-clé qui décrit le mieux la situation actuelle", résume son confrère Frank Sohlleder chez ActivTrades.

Les nouvelles macroéconomiques sont plus rares ce jour, hormis la publication de l'évolution des crédits au secteur privé et de la masse monétaire M3 en zone euro, ou encore la croissance américaine au dernier trimestre 2024 attendue dans l'après-midi.

Vers 10h50, le SMI reculait de 1,27% à 12'790,64 points et le SLI de 1,30% à 2071,4 points. L'indice élargi SPI reculait de 0,66% à 17'046,05 points. Sur les trente valeurs vedettes, six seulement évoluaient dans le vert.

Sandoz (+0,4%) prenait un peu d'avance, suivi de Geberit (+0,3%) et de Novartis (+0,2%).

La médaille en chocolat revenait au géant de l'inspection et de la certification SGS (+0,1%), au lendemain de son assemblée générale entérinant le déménagement de son siège à Zoug. Non loin de là, Nestlé se maintenait à flot.

A l'autre bout du tableau, UBS (-3,6%) tenait toujours la lanterne rouge provisoire, critiqué à plusieurs niveaux. La banque aux trois clés a vu son objectif de cours abaissé par Goldman Sachs à 36 francs suisses, contre 44,50 francs suisses précédemment, l'analyste prévoyant une baisse du bénéfice par action liée notamment aux nouvelles exigences en matière de fonds propres. Bank of America a également dégradé sa recommandation à "underperform", contre "neutral", ramenant l'objectif de cours à 28 francs suisses, au lieu de 33 francs suisses. Par ailleurs, la Fondation Ethos s'est vivement opposée aux rémunérations de la direction et au programme de rachat d'actions, soulignant que l'heure est au renforcement des fonds propres.

En queue de peloton figuraient également Schindler (-3,6%) et le bon Roche (-3,3%) qui pesait de tout son poids sur l'indice.

Sur le marché élargi, les sous-traitants de l'industrie automobile semblaient peu affectés par les nouveaux droits de douane américains frappant la branche, contrairement aux grands groupes européens et asiatiques du secteur. Ainsi, Autoneum (-0,3%), Ems-Chemie (-0,7%), Feintool (+1,3%), Komax (-1,3%), ou encore SFS (-0,3), faisaient dans l'ensemble mieux que la moyenne.

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