Zurich (awp) - La Bourse suisse confirmait son rebond mercredi à l'approche de la mi-journée, le nouveau net repli essuyé la veille par Wall Street n'ayant pas le moins du monde freiné les investisseurs. Des détenteurs de capitaux qui veulent se rassurer, alors que le Secrétaire américain au commerce, Howard Lutnick, a laissé entrevoir un éventuel compromis sur les droits de douane avec le Canada et le Mexique.
La tendance du jour est aussi alimentée par le fait que l'Allemagne est en train de modifier sa constitution pour exempter les dépenses de défense des limites fiscales, afin de lancer un fonds d'infrastructure de 500 milliards d'euros et de s'aligner sur la demande de l'Union européenne (UE) pour des investissements de défense de 800 milliards d'euros, a observé John Plassard, de Mirabaud Banque. Un tournant majeur dans la stratégie de sécurité européenne, a ajouté l'expert.
Alors que la guerre tarifaire lancée par le président américain Donald Trump bat son plein, la Chine et le Canada ont annoncé leur riposte. Les droits de douane de 25% sur les produits mexicains et canadiens et de 20% sur les importations chinoises perturbent déjà les chaînes d'approvisionnement et alimentent l'inflation. Si certains secteurs tirent profit de la délocalisation, d'autres sont confrontés à une hausse des coûts, ce qui oblige les investisseurs à revoir leurs stratégies. "Dans un tel environnement qu'une seule solution: la 3D (diversification, diversification et . diversification)", explique M. Plassard.
Parmi les informations macroéconomiques du jour, la Chine a annoncé mercredi viser une croissance "d'environ 5%". Pékin, qui entend aussi relever son déficit budgétaire, fait face à un contexte de guerre commerciale naissante avec les Etats-Unis et de difficultés économiques internes persistantes.
En France, la production industrielle s'est à nouveau repliée en janvier, de 0,6% par rapport au mois de décembre, pénalisée par l'industrie manufacturière, notamment la cokéfaction et le raffinage. Toujours outre-Jura, l'activité du secteur privé a subi en février son plus fort repli en plus d'un an, pénalisée par la faiblesse de la demande dans les services, selon l'indice PMI..
L'Italie a vu son produit intérieur brut (PIB) augmenter de 0,1% au quatrième trimestre par rapport au précédent. L'économie de la péninsule a bénéficié de la hausse de la consommation des ménages et des investissements.
Enfin en Suisse, l'inflation s'est encore amenuisée au mois de février à 0,3% sur un an. L'indice des prix à la consommation (IPC) indique une progression de 0,6% en glissement mensuel, à 107,4 points.
Outre les péripéties douanières, les investisseurs se pencheront encore sur les ISMs américains.
Du côté de la Bourse suisse, le SMI, après avoir démarré la séance sur une hausse de 0,57%, confirmait son rebond, notant peu avant 11h00 à 13'150,71 points, soit une progression de 11,08% et tout près du plus haut du jour atteint quelques instants auparavant à 13'150,91 points. Le SLI affichait pour sa part un entrain plus marqué, bondissant de 1,62% à 2139,47 points, alors que l'indicateur élargi SPI prenait 1,21% à 17'360,81 points.
Sur les trente valeurs constitutives du Swiss Leader Index six perdaient du terrain, dont les trois poids lourds de la cote Roche (-0,5%), Novartis (-0,2%) et Nestlé (-0,8%), et vingt-quatre autres en gagnaient. Après l'envol de la veille consécutif à une solide performance en 2024, le bon de participation Lindt & Sprüngli (-4,5%) héritait de la lanterne rouge. La défensive Swisscom (-0,5%) figurait aussi au rang des perdants, tout comme Givaudan (-0,5%).
Kühne + Nagel (+1,0%) s'était lui repris, le titre du géant schwytzois des transports et de la logistique ayant souffert plus tôt de plusieurs abaissements d'objectifs de cours.
En haut de tableau, Sika (+7,7%) s'échappait désormais, le chimiste zougois de la construction bénéficiant d'un objectif de cours revu à la hausse, flanqué désormais d'une recommandation d'achat de la part d'Octavian. Geberit (+6%) s'installait sur la 2e marche du podium provisoire, VAT Group (+5,7%) conservant sa 3e position, devant Holcim (+5,4%), ABB (+4,8%) Adecco (+4,4%).
L'équipementier st-gallois de pompes à vide, qui a présenté mardi des résultats 2024 en hausse, a vu ODDO BHF réhausser l'objectif de cours, alors que Barclays l'a réduit.
Sandoz Group (+3,6%) était aussi recherché, quand bien même le géant des génériques émancipé à l'automne 2023 du giron de Novartis a assisté à la quasi disparition de son bénéfice net l'an dernier, ne représentant plus qu'un petit million de dollars, contre encore 80 millions en 2023.
Sur le marché élargi, Orior dégringolait de 8%. Le fabricant de spécialités alimentaires a essuyé un repli de sa marge opérationnelle en 2024, selon des chiffres non audités publiés mercredi. Le conseil d'administration proposera aux actionnaires de renoncer au versement d'un dividende.
TX Group (-2,5%) peinait également. Le conglomérat d'édition a vu son chiffre d'affaires global sur un an diminuer en 2024 alors que son bénéfice a été presque divisé par deux. Le marché publicitaire traditionnel a notamment pesé sur les recettes. Martin Kall se retire par ailleurs du conseil d'administration.
Plazza prenait en revanche 1,1%. La société immobilière a engrangé un bénéfice net de 50,7 millions en 2024, contre 18,3 millions de francs suisses un an plus tôt. Abstraction faite du résultat des réévaluations, il s'élève à 20,4 millions. Le conseil d'administration proposera aux actionnaires un dividende de 9,00 francs suisses par nominative A et de 1,80 franc, après respectivement 8,00 francs suisses et 1,60 franc.
Epic (+1,3%), qui investit principalement dans des surfaces de bureaux et de vente au détail, a vu ses revenus locatifs augmenter en 2024. Le groupe s'attend à une nouvelle phase de croissance en 2025.
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